Félicité, d’Alain Gomis, est en salles depuis le 29 mars. Un film congolais, en lingala sous-titré en français, qui met en exergue la complexité de la capitale de la République démocratique du Congo, Kinshasa, et de l’Afrique de façon générale, à travers les yeux d’une femme, d’une mère célibataire, d’une battante.
Félicité est de ces femmes que la morale africaine condamne. Femme seule, mère d’un enfant et chanteuse dans les ngandas* le soir. Un parcours de vie compliqué, qui est pourtant le lot de beaucoup de femmes dans le monde. Vaille que vaille, celle qui porte le nom du bonheur plénier se débrouille dans une capitale gigantesque où l’argent détermine la durée de vie des gens qui lui courent après. Avec perte et fracas, cette mère aussi discrète qu’exposée, va le découvrir lorsque son unique enfant, Samo, va réchapper d’un grave accident de moto. Parce que dans l’autre partie du monde, les soins n’existent que si les billets pleuvent, Félicité va devoir déambuler dans les rues du pays du léopard pour réunir une somme astronomique afin de faire opérer son fils.
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Ce long-métrage d’Alain Gomis est un film puissant de par le contraste entre le titre éponyme et le sort de cette femme qui n’a rien de bienheureux. Lorsque nécessité fait loi, l’être humain est amené à se comporter en dépit de toute dignité. A travers le périple de Félicité, point de place pour l’amour-propre, seul l’amour filial l’emporte sur l’implacable réalité de la pauvreté. Ce film est également une immersion au coeur d’une société africaine où joie de vivre et extrême difficulté s’entrelacent dans un balai incompréhensible. Etre femme s’avère parfois une cruelle réalité, être une femme vulnérable est un grave handicap. Le récit permet d’aborder la vérité du système de santé dans les pays en voie de développement et l’empathie qui s’efface devant la cupidité. Félicité et une héroïne des temps modernes, femme ordinaire forcée de survivre avec les cartes que la vie lui a distribuées.
En ce moment au cinéma.
*Ngandas: bars