Le saviez-vous ? Le « Sranan Tongo », langue des Neg Mawon du Maroni

Langue des descendants de Nègres Marrons de Guyane française et du Suriname, le Sranan Tongo est parlé par près de 500 000 personnes. Mêlant les langues ouest africaines au hollandais, javanais, hindoustani et chinois, c’est une langue originale que nous vous proposons de découvrir.

Le Sranan Tongo, improprement appelé le « Taki Taki« ,  est parlé principalement au Suriname et dans l’Ouest de la Guyane française. C’est un créole à base lexicale anglaise, néerlandaise, portugaise et ouest-africaine (les scientifiques on noté de nombreuses similitudes avec le Krio de la Sierra Leone). Ses locuteurs son essentiellement les descendants des esclaves insurgés de la région du fleuve Maroni qui s’affranchirent du système esclavagiste franco-néerlandais et fondèrent une société d’inspiration africaine en terre amérindienne. Péjorativement nommés les « Bushinengue » (ou Nègres des bois), les principaux usiteurs de cette langue sont les Aluku, les Ndjuka, les Paramaka et les Saramaka [1].

Njuka, ethnie Marron de Guyane/Suriname
Njuka, ethnie Marron de Guyane/Suriname

Le lexique du Sranan Tongo a commencé comme un pidgin [2] parlé par les esclaves africains au Suriname, qui n’avaient souvent pas une langue africaine commune. Le Sranan Tongo devint par la suite un moyen de communication entre les esclaves et esclavagistes, sans doute pour permettre à ces derniers d’exploiter leur main d’oeuvre plus efficacement, mais aussi parce que les esclaves n’étaient pas autorisés à parler néerlandais. A mesure que d’autres groupes ethniques furent amenés au Suriname comme travailleurs sous contrat, le Sranan Tongo devint leur lingua franca [3].

De nos jours cette langue originale est parlée par 300 000 personne au Suriname, dont 120 000 comme langue quotidienne, et par quelques dizaines de milliers en Guyane française.

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Voici un aperçu de cette langue fascinante :

Comment ça va ? => fa waka ?

Je ne sais pas => Mi no sabi

Je ne comprend pas => Mi no foustan

Partez de chez moi => Gwé na mi

Je ne veux pas => Mi no wani

Je n’ai pas beaucoup de temps => Mi no abi foulou teng

Tu peux me faire confiance => Fitoow mi

Beaucoup d’argent => Tyapi Moni

Doucement => Saafi Saafi

Cette langue fait partie des trésors linguistiques du monde noir. Il nous incombe de la connaitre, la promouvoir afin de mieux défendre ce patrimoine unique en son genre.

PS : n’hésitez pas à compléter le lexique

Note et référence :

[1] Ce sont les descendants des esclaves déportés au Suriname durant la traite négrière. Leurs communautés sont le résultat d’un mouvement croissant de marronnage actif parmi les esclaves afin d’établir des société africaines indépendantes dans la forêt amazonienne. Ils vivent sur les rives du fleuve Maroni.

[2] Un pidgin est un moyen de communication grammaticalement simplifié qui se développe entre deux ou plusieurs groupes qui n’ont pas de langue en commun.

[3] Une lingua franca, également appelée langue commune ou langue véhiculaire, est une langue utilisée pour rendre la communication possible entre les personnes qui ne partagent pas une langue maternelle commune.

Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

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