Les Igbos font partie des quelques peuples négro-africains revendiquant une origine hébraïque.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr
La présence ancienne de peuples de confession juive en Afrique noire est attestée par des sources historiques. On pense notamment aux commerçants juifs séfarades installés dans la région de la Sénégambie à partir du seizième siècle, aux juifs sahariens, sahéliens et soudaniens, aux Lemba d’Afrique du Sud ou aux Beta Israel de la Corne de l’Afrique. D’autres populations négro-africaines revendiquent cette ascendance hébraïque. C’est le cas des Igbos, l’une des plus importantes ethnies du Nigéria. Des similarités culturelles entre Juifs et Igbos avaient déjà été pointées du doigt par l’activiste igbo du 18ème siècle Olaudah Equiano.
Cette revendication d’une origine hébraïque des Igbos fut à coup sûr amplifiée par le travail du missionnaire britannique Basden en poste dans la région au début du vingtième siècle. Contrairement à d’autres peuples noirs comme les Beta Israel, le droit au rapatriement des Igbos sur la base de leurs traditions d’origine n’a pas été ratifié par les autorités israéliennes. Un élément pourrait cependant faire évoluer la situation.
Le 7 février 2017, de nombreuses personnes se sont rendus à l’hôpital Nnewi—Ikedife de Otolo Nnewi dans l’Anambra State au Nigéria. Leur objectif était de se faire prélever leur ADN et le soumettre à l’analyse de scientifiques. Ces derniers, membres du culte juif Israeli-Yaweh souhaiteraient étudier ces résultats aux Etats-Unis afin de prouver la nature de la relation historique entre Anciens Hébreux et Igbos modernes.
Le Dr Dozie Ikedife, le directeur de l’hôpital, a exprimé par ces mots son soutien pour le projet:
« Il s’agit d’établir scientifiquement la relation entre ces deux groupes de populations. Il est nécessaire de satisfaire la curiosité et de répondre à cette question qui a été dans la tête de beaucoup d’entre nous depuis un certain temps. (…) Le monde a évolué, l’ examination des cellules peut être utilisée pour prouver ce postulat ou cette croyance. En cette période moderne, ce type de relations ne doit plus rester confiné au seul domaine des théories mythologiques. Le sujet se doit d’être corroboré par des preuves scientifiques. (…) S’il se trouve confirmé que nous sommes apparentés, on restera des frères et des amis, mais si cela est infirmé, nous resterons amis. Ma curiosité se base sur le fait que j’ai étudié l’anthropologie et la médecine […] le résultat de l’examen des cellules sera normalement disponible en août de cette année. »
On notera qu’alors que si l’examen des personnes ayant subi le test montrait des affinités génétiques spécifiques avec d’autres Juifs du monde entier, on pourrait fortement suggérer qu’une partie des ancêtres des Igbos tirerait ses origines de l’ancien Israel comme leurs traditions le prétendent. Toutefois, si ce n’était pas le cas, le nombre nécessairement limité de personnes examinées ne permettrait pas de trancher la question de manière définitive. En effet, une partie limitée des Igbos, jusqu’alors non examinée, pourrait avoir des ancêtres originaires de l’ancien Israel. Cette théorie n’a toutefois pas la faveur de la plupart de la communauté scientifique.