La prestation magistrale de Beyoncé lors de la 59ème cérémonie des Grammys Award fut particulièrement remarquée. Même si la diva planétaire n’a pas remporté de prix, elle a néanmoins édifié la blogosphère en apparaissant sous les traits d’une divinité du panthéon Yoruba. Mais qui est-donc cette fameuse Oshun dont tout le monde parle ?
Au grand dam de ses fans, Beyoncé Knowles-Carter aka Queen B n’a pas remporté le Grammy de l’album de l’année, cependant elle à offert au public un de ses spectacle hors du commun dont elle seule à le secret. Une performance d’autant plus remarquée, puisque c’est enceinte de jumeaux et vêtue en déesse africaine que la femme de Jay-Z est monté sur scène. Après avoir déclamé une ode à la maternité, Bey a interprété deux chansons de l’album «Lemonade», «Love Drought» et «Sandcastles».
Le show a débuté par des images holographiques projetées sur un écran géant, représentant la reine du RnB en Oshun, une Orisha [1], reflétant l’une des manifestations de Dieu dans les religions Ifá et Yoruba [2]. Un choix emblématique, tant cette Orisha est l’une des plus populaires et vénérées de part et d’autre de l’Atlantique [3].
Oshun n’est autre que la divinité Yoruba des rivières et des eaux douces, du luxe et du plaisir, de la sexualité et de la fertilité, de la beauté et de l’amour (rien que ça). Oshun est de plus intimement liée au destin et à la divination. La déesse Yoruba peut aussi guérir les malades, apporter fertilité et prospérité, et répondre aux prières des nécessiteux. Oshun est également la protectrice des pauvres et la mère des orphelins. Elle est la patronne de la rivière Osun au Nigeria, qui porte son nom. Oshun est honorée au festival d’Osun-Osogbo, un festival annuel de 2 semaines, au bosquet sacré d’Osun-Osogbo sur les rives de la rivière Osun.
Selon la tradition, Oshun serait l’unique Irunmole [4] féminin mandatée par le Dieu Suprême Olodumare, coordinateur de l’Univers, afin de créer le monde. Cette dernière tient donc un rôle important dans la mythologie Yoruba.
Les Irunmole masculins, qui furent aussi dépêchés sur Terre, avaient déjà commencé leur ouvrage, mais snobèrent Oshun à son arrivée. Outrée par ce manque de respect, la divinité rassembla alors les femmes et fit savoir son mécontentement en formant Iyami Aje, une bande de femmes dotées de pouvoirs spéciaux. Les Irunmole masculins échouèrent misérablement à la mission que leur avait confiée Olodumare et lui demandèrent la raison de cet échec. Le Créateur Suprême leur répondit que rien ne peut se faire sans Oshun et que tout ce qu’ils tenteraient de faire sans les femmes échouerait. Dieu leur enseigna ainsi la nécessité de la coopération et de la complémentarité homme/femme. Les Irunmole masculins se hâtèrent alors de prier Oshun pour qu’elle se joigne à eux.
On dit aussi qu’Oshun se rendit un jour à un festival de tambour et tomba amoureuse de Shango, l’Orisha de la foudre, du tonnerre et de la justice. Shango était déjà marié à Oba, Oya, et épousa Oshun. Malgré sa polygamie, il est dit que cette dernière était sa principale épouse. Shango et Oshun donneront naissance à Ibeji, les Orisha jumeaux (à l’instar de Beyoncé) de la joie, de l’abondance et de la joie enfantine. D’autres strophes dans le Corpus littéraire Ifa disent qu’elle était également mariée à Orunmila, l’Orisha de Sagesse et Divination.
Comme de nombreux Orishas, Oshun à traversé l’Atlantique au cours de la Traite Négrière et s’est implantée dans le « Nouveau Monde« . Les africains déportés l’ont maintenue en vie à travers de nouveaux systèmes spirituels fortement liés aux Yoruba. Aux Amériques, on la retrouve sous d’autre noms tels que Yeye, Osun, Oxun, Oshoun, Oxum et Ochun. Elle prend parfois les traits de Notre-Dame de la Charité, La Sainte patronne de Cuba, de Notre-Dame d’Aparecida, la Sainte patronne du Brésil. Elle est aussi associée à Trinidad, Ste Philomena ou encore à la divinité hindoue Ganga Mai.
Voici la performance complète de Beyoncé aux Grammy Awards :
https://www.youtube.com/watch?v=A_Y5g-0kQx8
Notes :
[1] Un Orisha est un esprit qui reflète l’une des manifestations de la Divinité Suprême (Eledumare, Olorun, Olofi) dans la religion Yorouba.
[2] L’Ifá est à la fois une religion et un système de divination se référant aux versets du corpus littéraire connu sous le nom d’Odu Ifá. Quant à La religion Yoruba, elle comprend des concepts religieux traditionnels et des pratiques du peuple Yoruba.
[3] La religion Yoruba est la matrice religieuse des religions africaines des Amériques telles que la Santería, le Palo, le Candomblé ou encore le Vodou.
[4] Les Irunmole sont des entités envoyées par Dieu afin d’accomplir des tâches précises. Ils servent de lien entre le royaume invisible et le royaume physique.