« D’une certaine manière, le sous-développement est paradoxal. Beaucoup de parties du monde naturellement riches sont en fait pauvres et les parties qui ne sont pas si bien loties en richesse de sol et de sous-sol bénéficient des plus hauts niveaux de vie. Lorsque les capitalistes des parties développées du monde tentent d’expliquer ce paradoxe, ils sous-entendent souvent, à propos de cette situation, que c’est un don de Dieu. »
« Quand les «experts» des pays capitalistes ne donnent pas d’explications racistes, ils embrouillent néanmoins la question en donnant comme causes du sous-développement les choses qui sont, en fait des conséquences. Par exemple, ils soutiendront que l’Afrique est dans un état de retard par suite du manque de personnel qualifié pour la développer. Il est vrai qu’en raison du manque d’ingénieurs, l’Afrique ne peut pas construire elle-même plus de routes, de ponts et de centrales hydroélectriques. Mais ce n’est pas une cause de sous-développement, sauf dans le sens où les causes et les effets se rassemblent et se renforcent mutuellement. Le fait est que les raisons les plus profondes du retard économique d’une nation africaine donnée ne se trouvent pas à l’intérieur de cette nation. Tout ce que nous pouvons y trouver à l’intérieur sont les symptômes du sous-développement et les facteurs secondaires qui contribuent à la pauvreté. Les interprétations erronées des causes du sous-développement découlent généralement de la pensée préconçue ou de l’erreur de croire que l’on peut trouver les réponses en regardant à l’intérieur de l’économie sous-développée. La vraie explication réside dans la recherche de la relation entre l’Afrique et certains pays développés et en reconnaissant qu’il s’agit d’une relation d’exploitation. »
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« L’un des moyens communs par lesquels une nation exploite une autre et qui est pertinente pour les relations extérieures de l’Afrique est l’exploitation par le commerce. Lorsque les termes de l’échange sont fixés par un pays d’une manière entièrement avantageuse pour lui-même, alors le commerce est généralement préjudiciable pour le partenaire commercial. Pour être précis, on peut prendre l’exportation des produits agricoles depuis l’Afrique et l’importation de produits manufacturés en Afrique depuis l’Europe, l’Amérique du Nord et le Japon. Les grandes nations établissent le prix des produits agricoles et les soumettent à des réductions fréquentes. Dans le même temps, le prix des produits manufacturés est également fixé par eux, ainsi que les tarifs de fret nécessaires pour le commerce des navires de ces nations. Les minéraux d’Afrique entrent également dans la même catégorie que les produits agricoles en ce qui concerne les prix. L’ensemble des relations entre l’Afrique et ses partenaires commerciaux dans le domaine des importations et des exportations est une question d’échange inégal et d’exploitation. »
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« Les dirigeants africains trouvaient les marchandises européennes suffisamment désirables pour livrer les prisonniers qu’ils avaient capturé à la guerre. Bientôt, la guerre entre communauté commença dans le seul but d’obtenir des prisonniers destinés à la vente aux Européens, et même dans une communauté donnée un dirigeant pouvait être tenté d’exploiter ses propres sujets et les capturer pour la vente. Une réaction en chaîne fut déclenchée par la demande européenne d’esclaves (et seulement d’esclaves) et par leur offre de biens de consommation – ce processus étant lié aux divisions au sein de la société africaine. »