Emmett Till (1941-1955) naît le 25 juillet 1941 à Chicago aux Etats-Unis.
Emmett Till (1941-1955) naît le 25 juillet 1941 à Chicago aux Etats-Unis.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr
Son père, Louis Till, est exécuté en 1945 en Italie pour mauvaise conduite durant la Seconde Guerre mondiale. Il y avait servi dans l’armée américaine. Ses parents se séparent en 1943 lorsque son père part à la guerre. Emmett Till ne connaît donc pas son père.
Il grandit avec sa mère Mamie et ses beaux-pères successifs. Malgré de nombreuses maladies, il vit une enfance relativement heureuse dans une famille appartenant à la classe moyenne noire.
Il fréquente une école pour Noirs près de chez lui dans le Chicago de l’époque. Ses proches le décrivent comme un jeune garçon blagueur et sûr de lui. En août 1955, un oncle d’Emmett originaire du Mississipi, Moses Wright, rend visite à sa famille à Chicago. Contrairement à la ville de Chicago située au nord des Etats-Unis, le Mississipi, en tant qu’Etat du sud des Etats-Unis est touché par les lois de ségrégation raciale, et par une négrophobie bien plus exacerbée.
A la visite de son oncle, le jeune Emmett demande à celui-ci et à sa mère de l’autoriser à visiter le sud en compagnie de ses cousins. L’autorisation obtenue, il est mis en garde par sa mère à propos des dangers d’être un Noir dans le Mississipi.
Une fois sur place dans la ville de Money, le jeune garçon aurait sorti de son portefeuille la photographie d’une femme blanche, se vantant selon certaines versions, d’en avoir côtoyé à l’école voire d’en avoir fréquenté intimement. Un garçon présent à ce moment aurait fait remarquer qu’une femme blanche se trouvait dans une boutique à côté, invitant Emmett à aller lui parler.
Dans cette épicerie appartenant à un couple d’Américains blancs, Roy et Carolyn Bryant, le cours des événements diffère selon les versions. Après avoir acheté une confiserie, il aurait sifflé Carolyn Bryant, dont le mari était en voyage, lui aurait pris la main, l’aurait invité à sortir, et / ou lui aurait dit ‘Bye baby’. Un homme jouant à l’extérieur de la boutique avec le cousin d’Emmett Till aurait invité les enfants à s’enfuir avant que n’aient lieu d’éventuelles représailles.
Quelques jours après l’incident, le mari de la caissière, Roy Bryant, rentre de son séjour. Avec son beau-frère, J-W Wilam, Bryant se présente chez Moses Wright, le menaçant avec une arme à feu de lui ‘livrer’ celui qui avait parlé à sa femme.
Malgré les supplications de son oncle, leur demandant de ne pas punir cet adolescent de quatorze ans méconnaissant les mœurs du sud, les deux hommes enlèvent l’enfant et menacent de mort son oncle s’il en venait à ébruiter l’incident.
Ils le battent, le défigurent, et le tuent, usant notamment d’une arme à feu et le jettent à l’eau.
Le cadavre est tellement méconnaissable que son identification par son oncle n’aura été possible que grâce à sa bague.
Cette affaire, dont les coupables seront acquittés, aurait pu rester l’une des nombreuses atrocités impunies du sud des Etats-Unis sans le courage d’une femme. Lors de l’enterrement de son fils, Mamie Till se battra contre le souhait de la police et du responsable des pompes funèbres pour que le cadavre de son fils soit exposé au public, forçant de ses propres mains l’ouverture du cercueil. En le laissant ouvert au public lors des funérailles, elle allait susciter l’ émotion dans tout le pays sur la ségrégation raciale dans tout le pays.
Le cadavre défiguré de ce jeune homme dont le seul tort était d’avoir parlé à une femme d’une autre race comme son égale allait être vu par des dizaines de milliers de personnes et servir de catalyseur au Mouvement des Droits civiques américains, celui-là qui allait entraîner l’accélération des rapports égalitaires entre Noirs et Blancs aux Etats-Unis.
NDLR : Après des décennies de silence, Carolyn Bryant aurait déclaré en 2007 avoir inventé avoir été la victime des avances d’Emmett Till.