Samedi 7 janvier, à l’unisson, un nombre important d’auditeurs emplissait les salles de conférences dans les 14 pays hôtes d’un mouvement de coalition international, le « Front historique contre le Franc CFA » . Un véritable succès pour ce rassemblement inédit de la diaspora africaine, porté par des intervenants aguerris à la problématique de la domination monétaire du continent africain. D’une seule voix, les éternelles proies du capitalisme sauvage ont dit stop au pillage pour s’installer aux commandes de leur propre destin.
NOFI a assisté à l’événement, à Asnières-sur-Seine (92), en région parisienne, où près de 700 personnes ont répondu présent à l’appel.
C’est dans une salle prévue pour 150 personnes que plus du triple s’est entassé pour assister à une rencontre inédite. Ce même jour, dans près de 15 pays, se tenait simultanément une conférence autour du symbole de l’esclavage économique de l’Afrique: le Franc CFA. Il ne s’agissait pas cette fois d’une sempiternelle condamnation de ce système monétaire, mais de sa définitive mise à mort. Cet événement organisé à l’initiative de Kemi Seba et de l’ONG Urgence Panafricanistes a montré la fière image d’une diaspora structurée et déterminée à écrire elle-même son histoire. A l’aune de l’expertise de trois intervenants de qualité, l’objectif de la réunion était d’entériner la sortie sans appel de cette oppression. Si des années de censure ont donné au monde une impression d’immobilisme, ce début d’année 2017 prouve aux plus sceptiques d’entre nous que de réelles solutions existent pour enfin mettre à bas la dictature.
« Défendre son continent, c’est réclamer ce qui lui revient de droit. »
C’est par cette affirmation qu’Alain Toussaint, journaliste politique, ancien conseiller de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo et membre de l’ONG URPANAF a introduit son intervention. Car il convenait d’insister sur le fait que cette lutte devait se faire avec l’Afrique entière et à quel point elle est légitime. Parce que la spoliation de l’Economie africaine affaiblit non seulement les pays de la zone concernée, mais aussi ses habitants, où qu’ils se trouvent sur la planète. Flegmatique, Alain Toussaint a rappelé la responsabilité des dirigeants africains qui sont « des victimes consentantes du système ».
Pour défendre l’idée d’un projet structuré en vue de « signer l’acte de décès du Franc CFA », il était accompagné de Nicolas Agbohou, l’un des pères modernes du combat anti-Franc CFA, docteur en Economie, auteur du puissant outil de décryptage » Le Franc CFA et l’euro contre l’Afrique » et invité d’honneur de cette journée spéciale. Méthodiquement, il a exposé des facéties méconnues de la camisole Franc CFA. A savoir, le nazisme monétaire, système dont la France avait été victime durant l’occupation allemande et qu’elle a ensuite, une fois libérée, appliquée à ses anciennes colonies. Un mécanisme sordide qu’il détaille dans son ouvrage et par lequel l’urgence de mettre fin à cette domination financière ne laissait plus aucun doute. Au-delà de l’argent, les tentacules du CFA mettent en exergue une politique coloniale efficace de « violence monétaire » absurde où les Africains se voient prêter à taux élevés leur propre argent par la France et sous couvert d’aide humanitaire.
De dépenses irresponsables en prêts frauduleux et de dettes en crises économiques, la situation de cette Afrique vassalisée par Paris encourage le gaspillage des ressources. C’est la thèse que développait le troisième intervenant, Théophile Kouamouo, journaliste politique. En effet, la fixité du CFA incite tacitement les chefs d’états à la gabegie financière puisque ni les guerres, ni l’abus d’argent public ou autres ralentissements économiques n’impactent la valeur de cette monnaie définitivement caduque. En somme, « tant que la France n’a pas sifflé, la CEMAC et l’UMEO sont dans une grande récréation. »
Sortir du franc CFA en quatre point
On ne peut évoquer de façon crédible la libération d’un mécanisme instauré depuis des décennies sans apporter de réelles solutions de remplacement. C’est par cet élément que l’événement revêt son caractère historique. Car, pour la première fois, des solutions concrètes ont été proposées en vue de l’auto-détermination monétaire :
- Que l’Afrique frappe sa propre monnaie et pose dès à présent les bases de la Monnaie unique africaine (MUA), accélérant ainsi la destitution du Franc CFA
- Que la transformation de toutes ses matières premières se fasse directement sur le continent, afin de favoriser les échanges entre les Africains et créer une véritable force d’embauche ; cela par le biais des usines publiques, privées et semi-privées
- Exiger le dédommagement substantiel de l’exploitation par le Franc CFA depuis 1945
- Enclencher le processus de décolonisation mentale des élites africaines
Ces propositions, qui sonnent comme des exigences et adoptées à l’issue de ces conférences internationales,seront présentées aux dirigeants africains, non moins pour solliciter leur accord que pour leur signifier que le peuple est prêt à agir, avec ou sans leur soutien.
Donnée capitale : pour la première fois, il a été acté la traduction en justice du préjudice causé par le franc CFA assortie d’une requête pour des réparations pécuniaires.
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