Souvenons-nous de Rosa Parks, celle qui s’est assise pour que les siens se lèvent

Le 1er décembre 1955 à Montgomery (Alabama) Rosa Louise McCauley Parks, dite Rosa Parks refusa de céder sa place à un passager blanc à bord d’un bus de Montgomery. Son courage initia le boycott des transports en commun dans la ville pendant plus d’un an. La mèche du Mouvement des droits civiques venait d’être allumée.

Championne du Mouvement des droits civiques au Etats-Unis, Rosa Parks sacrifia son confort pour résister à l’oppression négrophobe de la ségrégation. Par son petit acte de défi, quoique héroïque, elle inspira toute une génération (et bien plus encore) d’afro-américains. Refusant, le 1er Décembre 1955, d’abandonner son siège dans un autobus de Montgomery à un Blanc, elle fut le point de départ du boycott des bus de Montgomery, lancé la même année, et dirigé par un jeune prédicateur du nom de Martin Luther King Jr. L’Histoire était en marche.

par0-003

Si madame Parks avait décidé de céder sa place, sans doute, serait-elle restée anonyme et il est fort à parier que le mouvement des droits civiques aurait eu un tout autre visage.

Même le plus grand des baobabs ne fut à l’origine qu’une minuscule brindille…

Mais Rosa Parks resta assise et mit en branle une réaction en chaîne qui modifia profondément non seulement les relations raciales U.S, mais aussi l’histoire du XX° siècle.

Dans la soirée du 24 octobre, à l’âge de 92 ans, Rosa Parks tira sa révérence paisiblement dans son sommeil et rejoignit le panthéon des luttes de libération noire. Un repos bien mérité pour celle que beaucoup considèrent comme « la mère du mouvement des droits civiques« .

 Afin de célébrer cette militante des droits de l’homme et de la justice sociale, quoi de mieux que de se replonger dans ses propres écrits ? Voici un florilège d’extraits de ses correspondances épistolaires, avant et après son arrestation :

Carte postale de Martin Luther King Jr à Rosa Parks
Carte postale de Martin Luther King Jr à Rosa Parks

« J’étais seulement préoccupée par le fait de rentrer à la maison après mon travail et j’ai été complètement prise par surprise lorsque le chauffeur d’autobus exigea que nous renoncions aux sièges. Nous avions pris ces sièges même si des passagers blancs et colorés se tenaient dans l’allée. »

Le 31 janvier 1956, à un sympathisant non identifié, au sujet de son arrestation

« J’avais été poussée de-ci de-là toute ma vie et je sentais à ce moment que je ne pouvais plus le supporter. … C’est un sentiment solitaire et perdu. … La ligne entre la raison et la folie se dilue (en raison de) l’horrible caractère restrictif des lois Jim Crow. »

1950, au sujet de l’événement qui mena à son arrestation

« Je préférerais être lynchée que vivre pour être maltraitée et ne pas avoir le droit de dire : ‘Je n’aime pas ça’. »

Ecrit en 1956 

« J’ai demandé au policier pourquoi nous devions être repoussés? Il a dit qu’il ne savait pas. ‘La loi, c’est la loi. Vous êtes en état d’arrestation’. Regardons Jim Crow comme le criminel qu’il est et pour ce qu’il a fait à la vie des gens multipliée par des millions de fois partout aux États-Unis. »

– Écrit du milieu à la fin des années 1950

« J’ai demandé de l’eau. … Pendant que je marchais vers la fontaine, un officier a dit, ‘Eloignez-vous de cette fontaine! Vous ne pouvez pas avoir de l’eau en prison!’ Je retournai à table toujours très assoiffée. Pouvez-vous imaginer comment on se sent … Avoir de l’eau à portée de la main et ne pas être autorisé à boire? »

1950 au sujet de son arrestation et de son emprisonnement

« Procès 5 décembre. Amende de 14,00 $ … Première réunion de masse à l’église Holt St. Baptist. Estimation 5.000 présents. »

Décembre 1955 après son arrestation

« La maison de Révérend (Martin Luther) King a été bombardée hier soir alors que nous étions à la première réunion de masse de l’Eglise Baptiste. Sa femme et son bébé étaient dans la maison, mais pas ne sont pas blessés. »

Lettre de janvier 1956 à son frère, Sylvester McCauley

 

« Les gens ont marché lorsqu’ils ne pouvaient pas prendre le taxi par une mauvaise météo. Beaucoup continuent de dire qu’ils marcheront éternellement plutôt que de remonter dans le bus dans les mêmes conditions. Les chauffeurs ont fait de grands sacrifices. Ils commencent parfois sans prendre de petit déjeuner … épuisant leurs voitures, achetées avec grand sacrifice.

1956 pendant le boycott

« Nous avons été interviewés et photographiés pour le magazine Life jeudi dernier. … J’espère que vous obtiendrez une copie. … Nous étions également dans l’émission de Dave Garroway TV ‘Today’ il ya quelque temps. »

31 janvier 1956, dans une lettre à son frère

« (L’homme blanc) a travaillé dur pour éduquer le nègre afin qu’il croit qu’il était plus heureux ségrégué, discriminé, maltraité et humilié. Un travail de lavage de cerveau a été fait sur le nègre pour qu’il pense qu’un nègre militant soit presque un phénomène de foire, souvent ridiculisé par d’autres de son groupe. »

Début des années 1960, observations de la vie sous les lois de Jim Crow.

La lutte continue…

Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

News

Inscrivez vous à notre Newsletter

Pour ne rien rater de l'actualité Nofi ![sibwp_form id=3]

You may also like