Selon les dernières révélations fait par le journal « Le Monde » au sujet des informations d’Edward Snowden, l’ancien consultant de la NSA. L’Afrique est dans le viseur des services de renseignements américains et britanniques depuis quelques années. La République démocratique du Congo serait au premier rang des pays africains les plus espionnés.
Le continent africain, et plus particulièrement la RDC, sont dans le collimateur des puissances occidentales. C’est ce qu’affirme le journal « Le Monde » qui publie régulièrement les révélations d’Edward Snowden, l’ancien consultant de la NSA, qui avait rendu publique en 209 des dizaines de documents top secrets relatifs aux agissements des services secrets britanniques et américains.
L’Afrique et ses richesses sont depuis des siècles convoités par les puissances européennes. Est-il besoin de rappeler ici la conférence de Berlin qui organisa le partage du vieux continent comme s’il s’était agi d’un vulgaire gâteau et officialisa la colonisation ?
Nous savions déjà, grâce à de précédentes publications des révélations de Snowden, que l’Afrique était surveillée. En effet, il avait été révélé que des présidents, d’anciens présidents, des premiers ministres, des chefs militaires et autres hommes d’affaires influents du continent avaient été placé sous surveillance.
Mwai Kibaki, l’ex-Premier ministre kényan, Raila Odinga, le président congolais Joseph Kabila, l’ex-président nigérian Umaru Yar’Adua et son successeur Goodluck Jonathan, l’ancien président du Ghana John Kufuor, le président de la Sierra Leone Ernest Koroma et le président togolais Faure Gnassingbé, tous en ont fait les frais… La liste des pays cibles comprenait notamment le Kenya, le Zimbabwe, la Somalie, ou encore le Togo, le Niger, le Mali, le Burkina Faso et l’Algérie.
Cependant, le 8 Décembre dernier, nous apprenions, toujours selon les informations de Snowden relayées par « Le Monde » que la République Démocratique du Congo était le pays d’Afrique le plus écouté, et de loin. Ainsi, en mars 2009, alors que le gouvernement de la RDC et la rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (NCDP) ratifiaient un traité de paix, les deux camps été espionnés par le système de surveillance satellitaire du Government Communications Headquarters* (GCHQ) britannique.
De nombreux numéros de portable se trouvaient sur la liste des cibles à surveiller, parmi ceux-ci, celui du président congolais Joseph Kabila. Emails, numéro de fixe et de portable des conseillers politiques et militaires ne furent pas épargnés non plus. L’armée et les services de renseignement congolais furent eux aussi espionnés. On découvre par ailleurs, à la lecture des document du GCHQ, que les forces armées régulières de la RDC n’ont plus aucun secret pour les Britanniques.
Evidemment, les richesses minières abondantes du Congo Kinshasa sont au cœur de cette occulte collecte d’information. Pourtant, même pris la main dans le sac, le GCHQ répondra simplement :
«Nous ne faisons jamais aucun commentaire sur des sujets liés au renseignement.»
Ceci a au moins le mérite d’être clair. Du coté de la NSA on invoquera plutôt la Loi et le respect des « Droit de l’Homme » :
«Néanmoins, notre travail est mené conformément au strict cadre juridique et politique qui veille à ce que nos activités soient autorisées, nécessaires et proportionnées, et à ce qu’un contrôle rigoureux puisse être effectué par le secrétaire d’Etat, par la commission parlementaire au renseignement et à la sécurité ainsi que par l’autorité de régulation des interceptions et du renseignement. De plus, le régime légal des interceptions pratiquées par le Royaume Uni respecte totalement la Convention européenne des droits de l’homme.»
La République Démocratique du Congo n’est pas uniquement le pays de feu Papa Wemba. La République démocratique du Congo est surtout une terre riche en ressources naturelles et en minerais. La RdC, c’est 10 % des réserves mondiales connues d’or, c’est une abondance de diamants, de cuivre, d’étain, de coltan, de bauxite, de fer, de manganèse, de charbon, de pétrole, de méthane, de schistes bitumeux ou encore de cobalt.
Il s’agit donc une véritable « bijouterie », un formidable réservoir de richesses dont l’exploitation ne profite que peu à la population congolaise. Cela permet de saisir un peu mieux l’intérêt prononcé des puissances étrangères prédatrices comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, qu’une partie au fait de la situation subodorais et dont le monde a désormais la certitude, grâce aux révélations de Snowden.
Toutefois, la responsabilité des élites congolaises dans ce pillage en bonne et due forme ne peut pas être oblitérée. Lorsque l’on tente d’analyser l’évolution de l’économie de la R.D.C, il est indéniable que la corruption endémique ainsi que la mauvaise gestion des gouvernements successifs ont grandement nui au pays, depuis la fin des années 1970. L’Occident n’est pas l’unique responsable de l’explosion de la contrebande, des exportations illicites et des activités minières clandestines. Ni même de la chute des recettes nationales et des exportations depuis 40 ans.
Le penseur panafricaniste Kemi Seba à d’ailleurs rappeler à de nombreuses reprises les accointances entre Kabila père et fils et Dan Getler « le roi du pillage des minerais » :
« (…) il obtient de Laurent Désiré Kabila, devenu président, un quasi-monopole sur les diamants et autres pierres précieuses (…) A la mort de Laurent Kabila, assassiné au janvier 2001 par l’un de ses gardes, c’est Joseph Kabila, alors âgé de 30 ans, qui prend le pouvoir. Dan Gertler devient son émissaire spécial avec mission de lui négocier le soutien des Etats-Unis et des Nations occidentales en général.Depuis, il règne en Maître en RDC, et a plus que jamais le sang de millions de congolais sur les mains »
La question politique en République démocratique du Congo apparaît comme inextricable tant les intérêts d’une oligarchie congolaise sont liés à ceux de puissances extérieures. La date prévue pour le départ de Joseph Kabila du pouvoir approche; ce dernier prévoit de confisquer l’élection jusqu’en 2019, alors qu’une partie du peuple exige sa démission. Le mois de décembre sera donc révélateur des relations diplomatiques que le monde entretient avec le Grand Congo.
*Le Government Communications Headquarters est le service de renseignements électroniques du gouvernement du Royaume-Uni.