Présidentielle en Gambie : Le Départ de Yahya Jammeh suscite l’espoir au Sénégal

Par Youssouph Bodian. Le vent de l’alternance a enfin soufflé sur la Gambie, emportant avec lui Yahya Jammeh, arrivé au pouvoir il y a vingt-deux ans après un coup d’État militaire. Pendant ses deux décennies de règne sans partage, il a dirigé avec une main de fer le plus petit pays d’Afrique (un peu plus d’un millions d’habitants), enclavé dans le Sénégal. Cet ancien soldat qualifié de tyran a surpris le monde entier en reconnaissant sa défaite avant même la proclamation des résultats provisoires par la commission électorale. 

Le départ de Jammeh et l’arrivée d’Adama Barrow, 51ans, à la tête de la Gambie a été accueilli comme une grande délivrance par un peuple longtemps opprimé qui est sorti en masse célébrer sa victoire. Ce sentiment de joie et de délivrance a traversé la frontière gambienne et s’est manifesté au Sénégal pour deux principales raisons.

D’abord, la Gambie est une enclave dans le Sénégal dont les différents présidents ont toujours eu des relations difficiles avec l’homme fort de Banjul. Yahya Jammeh a longuement contribué à faire empirer la guerre indépendantiste qu’a connue la Casamance durant près de trente ans. Une région aux potentialités économiques énormes, située dans le sud du Sénégal. La Gambie est une base arrière des différentes factions rebelles qui ont sévi dans la zone. Ainsi, la plupart des tentatives d’accord de paix ont été sabotées par le président Jammeh qui tenait là un moyen de pression sur le Sénégal voisin.

Ensuite, les nombreuses tracasseries dont sont victimes les habitants de la Casamance qui désirent se rendre par la route à la capitale Dakar ou dans le sens inverse. Les véhicules sont obligés de passer par la Gambie où il faut traverser le fleuve Gambie avec un Ferri et c’est là le grand problème.  Les voyageurs et les propriétaires de véhicules doivent d’abord acheter un ticket et attendre patiemment leur tour. Parfois, pour des raisons que seuls les gambiens maîtrisent, les passagers sénégalais y passent des heures et même la nuit, à la belle étoile. Pour faciliter la mobilité des personnes et des biens, la CDEAO (communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest) avait même entamé un projet de construction d’un pont sur le fleuve Gambie. Cependant, il a été retardé par le tout puissant Yahya Jammeh.

Aujourd’hui, l’espoir renaît avec l’élection d’Adama Barrow, qui lors de son premier discours a déclaré que sa priorité est de rouvrir son pays longtemps fermé au monde. Le nouveau président gambien a ajouté qu’il réserverait sa première visite officielle au Sénégal. Peut-être un début de normalisation des relations entre deux pays qui ont les mêmes peuples mais qui furent séparés par les colonisateurs.

 

Par Youssouph Bodian

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