Le palais de Rey Bouba a été bâti au début du 19ème siècle dans la capitale de l’Etat peul du même nom.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr
Dans un précédent article, je pointais du doigt un fait. Pour être considérées comme respectables en dehors du continent, de nombreux Africains pensent devoir les associer à des représentations visuelles. Généralement, ces représentations visuelles sont de type architectural ou artistique.
On peut faire une observation parallèle à celle-ci. En effet, de nombreux observateurs, d’Afrique et d’ailleurs, ont rapporté qu’il n’existait pas ou peu de vestiges architecturaux témoignant du passé de l’Afrique sur le continent. A mon avis, cette observation est peut-être due à l’endroit où l’on recherche ces ruines: les plus célèbres civilisations africaines. Par plus célèbres civilisations, j’entends Songhaï, Ghana, Mali, Benin, Ife, Kongo, Kanem Bornou, etc.
Toutefois, bien moins médiatisés sont les vestiges tout à fait admirables de civilisations moins célèbres. Par exemple, c’est le cas du palais du souverain de Rey Bouba, au nord de l’actuel Cameroun.
Le Lamidat de Rey Bouba
Au 16ème siècle, le Lamidat de Rey est fondé par des Peuls originaires du pays mandingue. Selon eux, les Peuls de Rey Bouba n’auraient pas reçu une grande influence culturelle extérieure. Au contraire, ils auraient conservé les traditions peules héritées de leur région d’origine. Cet état, dirigé par un Lamido (souverain dans la langue locale) disposait aussi d’une importante armée. Il fut conquis entre 1899 et 1901 par les Allemands. Toutefois, l’institution de cet état perdure jusqu’à ce jour.
Le palais de Rey Bouba
Le palais de Rey Bouba a été bâti entre 1805 et 1808 sur ordre du souverain Ndjidda. Ce dernier fait partie des candidats cherchant à répandre la foi musulmane dans le nord du Cameroun en tant que porte-étendard du Shehu Ousmane Dan Fodio, fondateur du califat de Sokoto (actuel Nigéria). Cependant, il se fera refuser cette position au profit d’Adama Ba, chef de Guran avec qui il restera en conflit durant son règne qui prendra fin en 1866.
Mais revenons-en au palais. Celui-ci est réparti sur une surface de 5 hectares. Il est protégé d’une muraille de 7 mètres de haut. Celle-ci est épaisse de 0,5 à 1,5 mètres. En longueur, elle mesure 800 mètres. Le palais de Rey Bouba est donc le témoin d’une grandeur et de l’originalité architecturale africaine. Contrairement à la croyance populaire, il a donc su traverser l’histoire africaine comme témoin de celle-ci.
Pour en savoir plus
whc.unesco.org/en/tentativelists/4018/
Sani Hamadou / L’impact des migrations peules sur les canons de l’artisanat et de l’architecture traditionnelle dans le Nord-Cameroun
Eldridge Mohammadou / Ray ou Rey Bouba, traditions historiques des foulbés de l’Adamawa
Yoshihito Shimada / Royaumes peul, islamiques et super-ethniques dans le Nord-Cameroun : autour de Rey-Bouba