Miapolo est un concept d’art martial 100% original mêlant danse africaine et self-defense créé par Kelly Adjalle Nsadiswa.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr
Dans un article précédent, je critiquais certains arts martiaux africains. Leurs créateurs cherchaient en effet à rattacher leurs créations à d’anciennes formes d’arts martiaux disparues depuis longtemps. Il en résultait de ce fait un cruel manque d’authenticité. Beaucoup associent aujourd’hui les arts martiaux à une longue tradition historique ‘mystique’ asiatique. Ce que l’on sait moins, c’est que nombre de ces arts martiaux asiatiques sont en réalité des créations récentes. C’est par exemple le cas d’arts comme le Judo, le Taekwondo ou le Krav Maga. Un jeune Français d’origine togolaise et angolaise semble l’avoir compris. Kelly Adjalle Nsadiswa, né en 1985, a en effet créé il y a quelques années, le Miapolo. Mais au delà de cette observation résulte d’un flair digne des plus grands entrepreneurs.
Le flair de l’entrepreneur
La danse africaine est l’une des manifestations culturelles africaines les plus populaires en Occident. Les salles de ces disciplines sont souvent remplies de participantes disposées à dépenser de l’argent pour ces cours. Si les professeurs disposent d’un bon savoir-faire, d’une bonne réputation et que le cours est géographiquement bien placé, il garantit à ceux-ci un minimum de réussite. Un autre coup de flair génial a été, pour Kelly, de doubler sa potentielle clientèle. Les hommes, comme les femmes, pratiquent souvent des activités leur permettant de se ‘donner à fond’. Pour les hommes, il s’agit souvent de sports de combat destinés à apprendre à se battre.
Pour les femmes, il s’agit d’avantage d’activités permettant de tonifier leur silhouette, de maigrir ou de rester en forme. Cette distinction est probablement due à une convention sociale occidentale. Selon celle-ci, le rôle de l’homme est de protéger la femme. La femme qui transgresse cette convention perd souvent de sa féminité dans l’inconscient collectif. Ainsi, par exemple, les femmes s’essayant à un sport comme la boxe le font souvent dans des cadres de fitness. Elles ne le font pas dans un contexte où elles pourraient encaisser des coups. Les marques de ces coups pourraient en effet les faire perdre de leur féminité, voire les faire ressembler à des femmes battues.
D’un autre côté, en France et aux Etats-Unis notamment, l’opinion publique est actuellement particulièrement sensible à la problématique dite du ‘harcèlement de rue’. De nombreuses femmes seraient donc en besoin de se défendre sans perdre leur féminité. Pour Kelly, il s’agissait donc de trouver une activité susceptible de combler cette lacune. Bien que des activités de ce type existent, le génie de Kelly a été d’en créer une nouvelle à partir d’une communauté déjà existante : celle des nombreux pratiquants de danse africaine. Alors que nombreuses personnes passionnées de danse africaine devront s’offrir un abonnement à un sport de combat pour se défendre, elles pourront conjuguer ces deux facettes en s’inscrivant au Miapolo.
Une autre réflexion très intelligente de Kelly a été de chercher de manière proactive que le contenu de ses cours soit volontairement ouverts aux hommes. Dans les cas de harcèlement ou d’agressions de rue subis par les femmes, les hommes sont le plus souvent les agresseurs. Les inclure dans les activités de self-defense du Miapolo a un avantage. Cela permet aux femmes de se confronter à des adversaires de la corpulence de leurs potentiels agresseurs.
Cette stratégie porte apparemment ses fruits. Le Miapolo est aujourd’hui en effet enseigné dans de nombreux clubs en France et aux Etats-Unis. Il est de plus en pleine expansion. En espérant que ce succès dure et que le portrait de Kelly Adjalle Nsadiswa orne dans cent ans autant de salles à travers le monde que celui de Jigoro Kano, fondateur du Judo.
Pour en savoir plus :
www.miapolo.com
www.facebook.com/Miapolo-African-Dance-Selfdefense