La ministre du travail française Myriam El Khomri a évoqué un rapport montrant l’actualité de la discrimination à l’embauche dans son pays.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr
L’étude en question de 80 pages est basée sur un testing de 40 entreprises et de plus de 1000 salariés. Intitulée «lutte contre les discriminations en entreprise», elle a conduit Myriam El Khomri à dénoncer la persistence de la discrimination à l’embauche. Le 16 novembre 2016, elle a déclaré que « les hommes et femmes d’origine supposée maghrébine peuvent être clairement écartés des procédures de sélections dans certaines entreprises. » « Ne faisons pas semblant de l’ignorer » a-t-elle ajouté ».
#Testing : Hommes et femmes supposé(e)s maghrébin(e)s sont écartés d’une grande majorité des procédures de sélection #Discriminations
— Myriam El Khomri (@MyriamElKhomri) November 16, 2016
Un problème de prénom?
Quelques mois auparavant, le polémiste Eric Zemmour déclarait « donner un prénom qui n’est pas un prénom français à ses enfants, c’est ne pas se détacher de l’islam. C’est vouloir continuer l’identité islamique en France ».
En d’autres mots, il accusait les musulmans de France de ne pas assez chercher à s’intégrer. En suivant ce type de raisonnement, qui encouragerait les parents musulmans à nommer leurs fils Gabriel à la place de Djibril ou Marie à la place de Myriam, leurs enfants devraient subir moins de discriminations à l’embauche.
Les Juifs nord-africains en France portent des prénoms ‘francisés’ et partagent souvent leur phénotype et leur nom avec les Maghrébins musulmans. Leur exemple serait là pour confirmer cette hypothèse. On pourrait toutefois se demander si le prénom ne serait pas qu’une façade.
Si une fois le ‘handicap’ du prénom surmonté, les directeurs de ressources humaines en France ne trouveraient pas un autre bouton dans leur radar pour identifier les indésirables Maghrébins et Noirs et les discriminer…
Enfin, comme le disait l’acteur britannique David Oyelowo à propos du manque de diversité dans le cinéma britannique, le moyen le plus sûr pour stopper ces discriminations serait que ceux qui occupent la composition ethnique des preneurs de décisions évolue. Et pour cela, il faudra travailler deux, trois ou quatre fois plus que les autres… Mais cela reste possible.
Le mythe du ‘c’est partout pareil’
Aux critiques contre la discrimination à l’embauche en Europe contre les minorités d’origine non-européenne, on entend parfois que c’est ‘partout pareil’. Que les groupes ethniques autochtones ou majoritaires sont partout favorisés au détriment des autres d’origine étrangère. Que de ce fait, la discrimination au profit des ‘Français de souche’ en France serait légitime.
Ceci ne m’apparaît pas exact. La supériorité technologique des Européens, leur domination coloniale de pays à travers le monde a souvent laissé un complexe d’infériorité des populations anciennement colonisées à leur endroit. Même si cela demande à être vérifié par des études, il me semble s’en trouver souvent des faveurs accordées aux Européens d’un point de vue professionnel au détriment des populations locales. Ce sentiment est peut-être illustré par le syndrome du ‘sorcier blanc’ qui voit les équipes africaines de football régulièrement engager des sélectionneurs européens.