L’Afrique à l’arrivée des premiers explorateurs européens

Nofi vous propose de découvrir les observations de Leo Frobenius sur les civilisations africaines rencontrées par les explorateurs européens, contrastant avec la propagande négrophobe de l’époque.

Lorsque les premiers explorateurs européens arrivèrent sur les Afrique, ils ne rencontrèrent pas des sauvages à demi-nus se balançant de branches en branches avec des os dans le nez, mais des hommes et des femmes civilisés.

Les observations de Leo Frobenius

Afrique

L’ethnologue et archéologue allemand Leo Frobenius1, qui entreprit près d’une douzaine d’expéditions en Afrique sub-saharienne entre 1904 et 1935, fournit une description éloquente de la « Terre-Mère » à l’arrivée des premiers Européens. Il témoigne :

« Lorsque [les navigateurs européens] arrivèrent dans le Golfe de Guinée et atterrirent à Vaida, les capitaines furent étonnés de trouver des rues bien agencées bordées sur une longueur de plusieurs miles par deux rangées d’arbres: ils traversèrent des jours durant la campagne couverte de beaux champs, habitée par des hommes vêtus de costumes éblouissants qu’ils avaient tissés eux-mêmes!

Plus au sud, dans le royaume du Congo, une foule grouillante habillée de soie et de velours, bien ordonnée exposait dans le détail, de puissants dirigeants, de riches industries. Civilisés jusqu’à la moelle! Et telle était la situation du pays sur la côte est, au Mozambique, par exemple. »

L'Afrique à l'arrivée des premiers explorateurs européens
Leo Viktor Frobenius, ethnologue et archéologue allemand.

Il souligne ainsi que les populations africaines découvertes par les Européens avaient leurs propres civilisations sophistiquées. De plus, les récits d’explorateurs étrangers nous fournissent une description précise de la situation intérieure du berceau de l’humanité, contrastant lourdement avec la propagande négrophobe des puissances européennes pré-coloniales.

La civilisation africaine selon Frobenius

Frobenius exprime son point de vue :

« Les révélations des navigateurs portugais du XVe au XVIIIe siècle montrent que les Noirs d’Afrique qui s’étendaient au sud du désert du Sahara étaient encore en pleine épanouissement, brillants avec des cultures et des civilisations bien organisées.

Alors qu’ils avançaient, les conquistadors (les conquérants espagnol et portugais) anéantirent tous signes de la vie et de culture parce que les nouveaux pays d’Amérique avaient besoin d’esclaves et l’Afrique était l’endroit d’où ils recevaient les esclaves par centaines de milliers.

Cependant, le commerce des esclaves ne fut jamais une question de justice, il fallait le justifier, donc nous avons fait du nègre un demi-animal, un produit et voici comment nous avons inventé le concept du fétiche (mot portugais qui vient de feiticero) comme un symbole de la religion africaine.

Une marque européenne déposée. Quant à moi, je n’ai jamais vu dans aucune partie d’Afrique de nègres indigènes adorant des fétiches (…) l’idée du «nègre barbare» est une invention européenne qui a, en fonction du temps, dominée l’Europe jusqu’à ce qu’au début de ce siècle « 

Frobenius explique comment les Européens ont délibérément déshumanisé les Africains pour justifier l’esclavage. Les puissants empires et royaumes africains furent ainsi plongés dans un cycle inique d’attaques et de destructions (esclavage, colonisation, etc.) qui perdure encore aujourd’hui.

Il est crucial pour les afro-descendants de connaître, de maîtriser et d’enseigner leur histoire. Cette connaissance sert non seulement à contester les récits erronés mais aussi à inspirer et à élever les générations futures. Connaître cette histoire riche et complexe est un tremplin pour l’élévation de l’homme et de la femme noire.

La propagande négrophobe des puissances européennes a eu des conséquences profondes et durables sur la perception des Africains. En réduisant les Africains à l’état de « demi-animaux », les Européens ont non seulement justifié l’esclavage mais ont aussi ancré des stéréotypes racistes qui perdurent. Ces stéréotypes ont alimenté des politiques et des attitudes discriminatoires qui ont affecté les générations suivantes.

Les Européens ont fabriqué et propagé des images de l’Afrique comme étant un continent de sauvages et de barbares. Cette image a servi à justifier l’esclavage et la colonisation. Les Européens ont ignoré les preuves évidentes de civilisations avancées, préférant promouvoir l’idée que les Africains avaient besoin d’être « civilisés ».

Notes et références

Leo Frobenius, Histoire de la civilisation africaine, Gallimard, Paris, 1938.

Note de bas de page

  1. Leo Frobenius (1873-1938) : Ethnologue et archéologue allemand, auteur de nombreuses expéditions en Afrique sub-saharienne entre 1904 et 1935, il a documenté les civilisations africaines dans son ouvrage Histoire de la civilisation africaine. ↩︎
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

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