Le succès des films de Nollywood a entraîné la création d’une industrie cinématographique florissante en Tanzanie.
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L’industrie des films vidéo en Tanzanie commence vers la fin des années 1990 avec des comédiens de stand-up. Peu après arrivent pour la première fois sur le marché tanzanien des films Nollywood comme Suicide Club ou Billionaires Club. Le succès est quasi immédiat pour un public ravi de découvrir des personnages interprétés par des Noirs Africains et traitant de sujets qui leur parlent. Dans un pays où le trafic d’organes à des fins de sorcellerie est malheureusement rampant, l’intérêt de Nollywood pour la sorcellerie suscite intérêt et critiques. En 2006, la folie Nollywood est sur toutes les bouches et dans tous les vidéoclubs de Bongo, surnom de Dar es Salaam, la capitale de la ville. Pourtant, l’intérêt du public se heurte à une barrière, celle de la langue. Car à Bongo, très peu de gens comprennent l’anglais. On y communique largement avec le swahili, langue la plus parlée du continent. Pour franchir la barrière, on tente de la contourner. Dans des vidéoclubs locaux des traductions de films Nollywood en langue swahili ont lieu en live. On vend des vidéos où une voix en swahili se superpose sur celle des acteurs anglophones originaux. On assiste même à des photos du film Nollywood Omereme (2003) réinterprétées en roman photo avec une histoire réadaptée aux réalités tanzaniennes. Mais la barrière reste là.
De jeunes cinéastes tanzaniens inspirés à la fois par le succès de films made in Africa et par la demande de films africains dans leur pays décident d’emboiter le pas à Nollywood. Brusquement, de 2006 à 2007, les films Nollywood demeurent presque introuvables à Dar es Salaam. Ce qu’on appelle désormais les Bongo Films, les films Bongowood, voire Swahiliwood ont triplé leur part de marché et sont partout. L’influence de Nollywood est palpable, bien qu’elle s’en démarque progressivement. Certains films Bongo sont considérés comme basés sur des films Nollywood. C’est le cas du film d’horreur Shumileta, qui, en partie inspiré par le film Nollywood Karishika (1998) traite d’une femme mi-vampire mi-sirène terrorisant les hommes. Dans certains cas, le chauvinisme tanzanien et les préjugés locaux à l’égard des Nigérians et leur pratique de la sorcellerie pousse l’industrie Bongo à s’émanciper de son modèle nollywoodien. Mais beaucoup de ses participants n’oublient pas ses racines. Le film tanzanien Dar 2 Lagos (2006), qui est partiellement tourné au Nigéria et en Tanzanie avec des acteurs Tanzaniens et Nigérians s’inspire par exemple très visiblement du style Nollywoodien dont il est clairement un hommage. Contrairement au cas de la République Démocratique du Congo où la sur-diffusion de films Nollywood avait causé le déclin du théâtre local, la Tanzanie a su adapter de manière plus appropriée l’influence de son grand frère Nollywoodien. En réalisant le manque de films africains dans la société et en adaptant les qualités de Nollywood aux réalités tanzaniennes, les films Bongo ont su s’inspirer en gardant leur authenticité.
Bibliographie :
Global Nollywood / Matthias Krings & Onookome Okome
African Appropriations / Matthias Krings