Bilal, premier Muezzin de l’Islam

En tant que compagnon de Mahomet et que premier homme à avoir lancé l’appel à la prière, Bilal est une figure majeure de la religion musulmane.

Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr

Les origines

Bilal est le fils d’une esclave noire appelée Hamama et d’un père appelé Rabah dans le clan des Banu Jumah de la tribu des Quraysh. Il naît probablement au sixième siècle de notre ère dans la région du Hedjaz (actuelle Arabie Saoudite). Son surnom, Bilal ‘al-Habashi’, signifie Bilal l’Abyssin témoigne probablement de ses origines dans ce qui sont aujourd’hui l’Ethiopie et l’Erythrée. Cette région était en effet un important foyer d’approvisionnement en esclaves. Il appartient probablement à Umayya Ibn Khalaf, le chef du clan dont il promène les troupeaux.

L’émergence de l’Islam

Bilal est l’un des premiers à se convertir à la nouvelle religion du prophète Mahomet après qu’il ait commencé à la véhiculer. La diffusion du message de l’Islam inquiète alors de nombreux chefs tribaux, dont Umayya Ibn Khalaf, maître de Bilal. Lorsqu’il apprend la conversion de Bilal, il le torture. Mais ce dernier refuse de renier sa nouvelle foi. Emu par le martyr de Bilal pour sa religion, Abou Bakr, le riche compagnon du prophète décide de l’acheter à Umayya afin de l’émanciper.

Après son émancipation

En 622 de notre ère a lieu l’Hégire, l’exode de Mahomet et de ses compagnons vers Médine. Bilal, qui entre temps est devenu un de ses proches, fait partie du voyage. L’année suivante, après la construction de la première mosquée à Médine, est établi l’adhân, l’appel à la prière pour les croyants, devenant par là le premier Muezzin, (littéralement le celui qui appelle à la prière. Mahomet attribue ce rôle à Bilal, notamment en raison de la qualité de sa voix. En 624, la bataille de Badr oppose les Musulmans et leurs ennemis Quraysh de la Mecque. Au cours de ce conflit où les premiers furent victorieux, Bilal aurait lui-même tué son ancien bourreau Umayya. Bilal aurait participé à toutes les batailles des Musulmans jusqu’à la reconquête de la Mecque par ces derniers en 629. Il aurait eu l’honneur de prononcer le premier appel à la pierre du sommet de la Kaaba, qui renfermait alors les objets de culte pré-islamiques, lors de la prise des Musulmans sur la Mecque. Par là, l’appel de Bilal symbolise le triomphe du culte musulman sur la religion polythéiste des Arabes préislamiques.

Mort et héritage

Les sources sur Bilal sont contradictoires après la mort de Mahomet. Il aurait prononcé l’appel à la prière au moins une fois de plus. Il aurait migré vers la Syrie où il serait mort vers 640. Une de ses appellations attestées est Abu Abdallah, ce qui signifierait littéralement que son premier fils se serait appelé Abdallah. Toutefois, l’existence d’enfants de Bilal n’est pas corroborée par d’autres témoignages dans la littérature arabe contemporaine.

Tombe supposée de Bilal
Tombe supposée de Bilal

En dehors de celle-ci, toutefois, les personnes se réclamant de l’ascendance de Bilal ou de son patronage sont nombreux. Il est le patron des Muezzins, qu’il a précédé dans l’appel à la prière. Des revendications de filiation à partir de Bilal par des Noirs musulmans sont nombreux. Les Gnawa du Maroc, les Noirs musulmans d’Inde ou la famille Keita de Kangaba, les descendants de Soundjata, fondateur de l’Empire de Mali, se disent ainsi descendants de l’ancien esclave abyssin. Ces revendications, comme beaucoup de celles qui lient des familles du monde arabe à Mahomet et à des compagnons, sont douteuses. Dans le cas des Keita, par exemple, l’écrivain du 14ème siècle Ibn Battuta rapporte environ un siècle après Soundjata, que ce dernier se serait converti à l’Islam à la fin de sa vie. Cela contredit évidemment les traditions de Mali selon lesquelles un des fils de Bilal, vraisemblablement au septième ou au huitième siècle aurait transmis l’Islam à la dynastie des Kéita. Ces ancêtres de Soundjata descendants de Bilal auraient vraisemblablement du être musulmans, ce que le témoignage d’Ibn Battuta contredit. Plus vraisemblablement, les Keita, comme ces autres populations de Noirs musulmans du monde entier, ont vu en Bilal un homme noir, excellant dans la pratique de l’Islam et auquel ils aspiraient à ressembler, les exploits de nos ancêtres conditionnant si souvent notre confiance en ce que nous pouvons accomplir.

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