« Kabila dégage », c’est au son de ce slogan explicite que défilaient les manifestants lundi 19 septembre, dans les rues de Kinshasa. La mobilisation a rapidement dégénéré en affrontements meurtriers. Pour l’instant, le bilan officiel des observateurs indique 17 morts dont 14 civils et trois policiers.La manifestation était organisée par les partis et sympathisants de l’opposition, dont l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), principal adversaire du gouvernement de Joseph Kabila. Cette mobilisation se devait pacifiste. Pourtant, avant le rendez-vous initialement prévu à 13h, des affrontements entre policiers et manifestants ont éclaté, non loin du siège du parti, à Limete. Les autorités ont alors tenté d’interdire la manifestation, en vain. Dans l’après-midi, alors que le cortège défilait dans le centre de la capitale, les forces de l’ordre ont gazé et tiré à balles réelles. La foule a riposté à coup de pierres et de nombreuses personnes ont été blessées. Trois policiers et 14 civils ont été tués, en tout 17 morts sur la seule journée de lundi. Le gouvernement kinois accuse les manifestants de graves dégradations, de pillage et de volonté d’instaurer un climat de guerre civile. Son porte-parole, Lambert Mende, a indiqué à RFI que certains des auteurs (civils) avaient déjà été arrêtés.
La chasse aux manifestants
Samedi 17 septembre, le tribunal de grande instance de Lumumbashi, chef lieu du Katanga, jugeait 63 personnes dont cinq mineurs pour « destruction méchante », « vol avec violence », « incendie » et « association de malfaiteurs ». De lourdes accusations portées par le ministère public suite à la manifestation du vendredi 16 septembre, au cours de laquelle policiers et civils s’étaient violemment affrontés. Le procès, suspendu dimanche, a repris lundi 19 mais aucun élément n’a encore été communiqué. Pour l’heure, tous les prévenus ont été déférés à la prison centrale de la Kassapa. Selon Astia Mulunda, avocat de la défense, certaines personnes ont injustement été arrêtées, sans que les autorités ne puissent prouver leur implication dans ces actes délictueux. Les mobilisations se poursuivent à travers les villes stratégiques du pays alors que la tension est à son comble et que l’on déplore des pertes humaines importantes. Le gouvernement reste sur ses positions tandis que le mouvement prend de l’ampleur chez les civils. Lundi 19 septembre, près d’une centaine de personnes étaient réunies devant l’ambassade de la République démocratique du Congo à Paris.