L’actualité politique française de ces dernières semaines bat son plein. En effet à moins d’un an de l’élection présidentielle, les candidats en lice pour la magistrature suprême du « pays des droits de l’Homme » (lequel ?) et autres prétendus intellectuels y sont allés de leurs plus belles « punchlines« .
Mon propos ici ne sera pas de m’associer à ceux, notamment dans notre communauté, qui sont indignés par les paroles xénophobes ou révisionnistes des politiques et se sont empressés de crier au racisme, mais de dénoncer la sempiternelle victimisation qui n’est que trop répandue parmi nous et qui, depuis trop longtemps, freine notre élévation collective. Quand cesserons-nous donc de pleurnicher ?
Ainsi, nous avons pu entendre récemment M. Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa , nous expliquer lors d’un meeting qu’à partir du moment où l’on acquiert la nationalité, « on vit comme un Français et nos ancêtres sont les Gaulois ». Il est évident que ce triste sire, pour qui « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire », aurait besoin de cours d’histoire intensifs, tant ses propos sont dénués de sens. N’est-ce pas là une évidence ? Reprocherait-on à un prédateur de dévorer sa proie ? Pensions-nous sincèrement que l’ancien président de la République française était l’ami des Africains et de ses ressortissants ? Qu’il œuvrait pour notre bien-être ? Nicolas Sarkozy ne fait que jouer sa partition (et avec brio), le hic, c’est que nous autres Noirs, ne jouons pas (ou mal) la nôtre, plaçant plus que de raison l’émotion au-dessus de la réflexion. Quand cesserons-nous donc de pleurnicher ?
Pour François Fillon, l’ancien Premier ministre français, « la France n’est pas coupable d’avoir voulu partager sa culture aux peuples d’Afrique », reléguant ainsi l’esclavage et la colonisation au rang de simple séjours linguistique. Nous ne devrions pas être surpris/choqués par ce genre de déclaration, tant elles ne font que refléter le refus de nombreuses « élites » d’assumer le coté obscur de l’histoire de France. « Les vainqueurs l’écrivent, les vaincus racontent l’histoire », comme dirait l’autre. Il est d’ailleurs courant pour les nations dominantes de sublimer leur domination et de chercher à dissimuler leurs atrocités et leur faillite morale. C’est simplement ce que l’on appelle le « roman national« . Pour contrecarrer cela, étudions en profondeur, enseignons avec ardeur et diffusons avec ampleur NOTRE histoire plutôt que de nous offusquer à la moindre tentative de négationnisme notre encontre. Quand cesserons-nous donc de pleurnicher ?
Enfin, nous avons eut le droit aux déclarations de Robert Ménard, maire de Béziers (qui n’en est pas à son coup d’essai) et aux larmoiements qui s’en suivirent. Pour lui, comme jadis pour le Général De Gaulle, « être français, c’est être blanc et catholique ». En plus de n’être qu’un agitateur, rien dans l’affirmation de Ménard ne devrait nous heurter. Cette phrase volontairement provocatrice ne reflète-t-elle pas la réalité sociologique de l’hexagone ? Aurions-nous été aussi choqué si le maire de Ouidah avait dit que le Bénin était un pays majoritairement noire et de tradition vodouisante ? Le Général De Gaulle, héros de la nation et référence ultime de bon nombre d’hommes et de femmes politiques de ce pays nous l’avait expliqué il y a de ça bien longtemps. Pour lui, déclarait-il avec raison il y a plus de cinquante ans, les Français sont « avant tout un peuple européens de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne ». N’avons-nous pas de pays d’origine ni même d’histoire pour vouloir nous revendiquer de ceux d’un autre qui nous méprise ? Quand cesserons-nous donc de pleurnicher ?
Comme le dit l’adage, « la puissance ne respecte que la puissance« , alors essuyons nos larmes et retroussons nos manches et attachons-nous à le devenir par tous les moyens. Arrêtons de nous plaindre de la négrophobie des pseudo-élites politiques d’un pays qui à travers son histoire n’a eut de cesse de s’essuyer les pieds sur nos têtes crépues comme on s’essuie sur un paillasson. Prenons en main notre destin commun et œuvrons, comme nous y invitaient toutes les grandes figures du panafricanisme, à faire de l’auto-détermination notre norme, aussi bien dans la diaspora que sur la « Terre-Mère« . Mais de grâce, n’érigeons plus la logorrhée des politiques en fondement de notre réflexion. Raisonnons pour nous-même et par nous-même !!! Quand cesserons-nous donc de pleurnicher ?
Panafricainement Votre, F.Makandal