Le gouvernement béninois demande à la France de lui restituer ses trésors pillés pendant la colonisation. La plupart de ces biens royaux sont exposés au musée du Quai Branly Paris.
La décision a été prise lors du conseil des ministres du 27 juillet dernier. C’est le porte-parole de la présidence qui s’est exprimé en ces termes « Le ministre de la culture et du tourisme a engagé des négociations avec les autorités françaises et l’Unesco pour le retour au Bénin de ces biens culturels ».
Restitution des trésors pillés : une affaire menée par le CRAN
Depuis quelques années, le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) oeuvre pour la réparation des crimes liés à l’esclavage et à la colonisation. La restitution des biens mal acquis est une de ces modalités.
C’est ainsi que le 10 décembre 2013, le CRAN décide de faire une visite surprise au musée du Quai de Branly pour montrer à la presse les trésors pillés par les français. Pourquoi avoir choisi la date du 10 décembre ?
Le choix de faire cette visite le 10 décembre n’est pas un hasard. En effet, à cette même date en 1906, le roi Behanzin, dernier roi d’Abomey, capitale du royaume de Dahomey (l’actuel Bénin) meurt. Il avait été vaincu et exilé par les troupes coloniales françaises. Peu de temps avant sa mort, alors qu’il sentait la défaite arriver, le roi Behanzin met le feu à son palais avant de prendre la fuite, pour éviter que les colons ne prennent les objets sacrés qui se trouvent dans sa demeure. Pourtant, on retrouve bel et bien certains de ces objets (statues royales, le trône de Glélé, les portes sacrées du palais…) au musée du Quai Branly.
Le CRAN interpelle les autorités
Le Conseil représentatif des associations noires de France décide alors d’attirer l’attention des autorités françaises à ce sujet. Une requête que l’Etat français ne rejette pas mais, demande à ce que ce soit le gouvernement béninois qui la formule. Le CRAN-France et le CRAN-Bénin se sont donc tournés vers les dirigeants béninois pour les pousser à réagir. En août 2015, l’association avait rencontré l’actuel roi d’Abomey pour lui faire part du problème. Héritier des trésors pillés par la France, le roi d’Abomey avait alors demandé au pouvoir béninois d’adresser une requête de restitution au gouvernement français. Une demande que les autorités béninoises avaient promis de faire. Mais l’affaire était restée sans suite !
D’autre part, le Prince Guézo, hériter lui aussi des familles royales du Bénin, avait abordé le sujet avec François Hollande lors de sa visite au Bénin -où un chef d’Etat français ne s’était pas rendu depuis la dernière visite de Jacques Chirac en 1995- en 2015 .
« C’est pourquoi nous demandons que les autorités françaises réalisent un inventaire national de tous ces biens, et qu’elles engagent un dialogue constructif avec les pays concernés en vue de leur restitution » avait formulé le Prince Guézo.
Le Conseil représentatif des associations noires avaient obtenu le soutien de plusieurs partenaires internationaux tels que l’ENAR (European Network Against Racism), l’ERC (European Reparation Commission), le Forum des rois et leaders traditionnels d’Afrique, le groupe des ambassadeurs africains de l’Unesco… Et sollicité le président Talon, peu de temps après son élection.
En outre, Christiane Taubira, ancienne garde des Sceaux de la République Française, et Nicéphore Soglo, ancien président du Bénin, avaient eux aussi réclamé cette restitution.
Alors que le Bénin célébrait en ce 1 er août 2016, le jour de la fête nationale, Louis-Georges, président deu CRAN a déclaré ceci « je tiens à féliciter le gouvernement béninois de cette décision historique. J’invite le gouvernement français à y répondre dans les meilleurs délais, et je demande aux autres pays africains d’agir de même auprès des anciennes métropoles. »
Sources : Le Monde & le CRAN *