A la gloire de Jesse Owens et de Pelé !

Par Anthony Mouyoungui .En l’espace de quelques jours, j’ai suivi deux films, ‘’La couleur de la victoire’’ de Stephen Hopkins et ‘’Pelé-Naissance d’une légende’’ de Jeff Zimbalist et Michaël Zimbalist, consacrés à deux légendes du sport mondial : Jesse Owens et Pelé. Deux personnalités noires qui, par leur talent et leur courage, ont triomphédes préjugés et surmonté les obstacles pour devenir des symboles pour des milliers de jeunes issus des milieux défavorisés et victimes du racisme. Si c’est le premier film consacré à l’athlète américain, ce n’est pas le cas pour le footballeur brésilien qui a déjà fait l’objet de plusieurs adaptations cinématographiques (il fait un caméo de quelques secondes dans le film).
Au moment où se déroulent les Jeux Olympiques à Rio de Janeiro, je ne pouvais m’empêcher de faire un parallèle entre les deux films et surtout entre les deux hommes. La légende de Jesse Owens s’est construite pendant les Jeux Olympiques et Rio de Janeiro est une ville du Brésil, le pays de Pelé. Une ville où le footballeur a inscrit de nombreux buts au Stade Maracaña, l’ancien, pas le nouveau. Justement, ‘’Pelé-Naissance d’une légende’’, qui suit la progression d’un enfant de sa favela jusqu’ à la victoire en Coupe du monde en 1958 en Suède à seulement 17 ans, débute par la défaite, dans le fameux stade brésilien, lors du match face à l’Uruguay. Un match considéré comme la finale du Mondial 1950. Le jour de la cruelle désillusion du football brésilien, un gamin, qui ne s’appelait pas encore Pelé mais Dico, dit à son père en larmes comme des millions d’autres brésiliens, ‘’un jour, je remporterais la coupe du monde pour le Brésil ». Du haut de ses huit ans ce gamin de Bauru se doutait-il que cette promesse allait se réaliser huit ans plus tard ? Personne ne pouvait en être sûr, pas même l’intéressé. A plusieurs reprises, il a été à deux doigts de renoncer au football d’abord à cause des réticences de sa mère qui ne voulait pas le voir connaître le même destin que son père (la carrière du père de Pelé avait été brisée par une grave blessure au genou) et ensuite par ses propres doutes lorsqu’il s’est retrouvé au FC Santos.

Pelé
Pelé

Les doutes, Jesse Owens les a connus aussi dans sa vie et dans sa carrière. Noir dans une société américaine ségrégationniste, victime du racisme, dans un monde où le phare du nazisme triomphant illuminait l’Allemagne avant de plonger le monde dans le chaos. Mais, il a su les surmonter pour réaliser l’exploit des Jeux Olympiques de Berlin en 1936. Un véritable pied de nez à ceux qui croyaient, dur comme fer, à la suprématie de la race aryenne sur les autres races. Dans un stade olympique remplis de spectateurs hostiles, Jesse Owens a réussi un quadruplé historique, le premier d’un athlète dans les Jeux Olympiques, (100 m, 200 m, saut en longueur et relais 4×100 m). Exploit qui ne sera égalé qu’en 1984 lors des Jeux de Los Angeles par Carl Lewis (quatre ans après le décès de Jesse Owens).

Jesse Owens
Jesse Owens

Les deux biopics ont en commun le fait d’avoir choisi un moment particulier de la vie de chaque champion. Des moments jugés cruciaux par les réalisateurs. Si pour le footballeur brésilien les frères Zimbalist, déjà réalisateurs du fameux ‘’The two Escobar’’ en 2010, ont choisi la période correspondant à ses débuts, son enfance et sa précocité au niveau mondial sur une période de huit ans (1950-1958) ; pour l’athlète américain, Stephen Hopkins a choisi la période allant de 1933 à 1936 qui correspond à l’entrée de Jesse Owens à l’université de l’Ohio à l’apothéose de Berlin, l’aboutissement de toute une vie. D’ailleurs, les deux titres sont très révélateurs de cet aspect. Loin d’être des chefs d’œuvre, les scènes de dribbles et les buts de Pelé ainsi que les courses de Jesse Owens ne sont pas très crédibles, il est difficile de reproduire les exploits sportifs au cinéma avec exactitude. Pourtant, ces deux films nous touchent émotionnellement. La misère des favelas, la pauvreté, la ségrégation et le nazisme, sont décrits sans exagération. Sans faire du militantisme outrancier, surtout pour ‘’La couleur de la victoire’’, les réalisateurs se sont contentés de relater les histoires avec pour seule parti pris : faire connaître aux uns et faire redécouvrir aux autres la vie de ces deux monstres sacrés du sport mondial.

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Le canadien Stephan James, qui avait incarné John Lewis, un compagnon de Martin Luther King Jr, dans ‘’Selma’’ de Ava DuVernay, étant plus convaincant dans le rôle de Jesse Owens que le brésilien Kevin de Paula dans celui de Pelé. Qu’à cela ne tienne, l’intérêt de ces deux films, surtout ‘’La couleur de la victoire’’, réside ailleurs qu’uniquement sur le plan artistique. L’intérêt est historique. C’est une sorte de reconnaissance tardive, reconnaissance quand-même, pour le héros de Berlin qui a ridiculisé celui qui pensait dominer le monde. Ces deux films nous permettent non seulement de passer un bon moment, mais aussi de nous replonger dans l’histoire. Une histoire qui s’écrit grâce à des exploits des hommes comme le brésilien et l’américain. Ce sont des modèles pour tous les jeunes du monde issus des milieux défavorisés et victimes de préjugés en tout genre.

Par Anthony Mouyoungui

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