Par Franswa Makandal. Il y a 27 ans, l’inoubliable Boyz N the Hood, film afro à petit budget, imprégné de culture hip-hop et axé sur les problématiques de la jeunesse noire des ghettos de Los Angeles, faisait son entrée dans les salles obscures et devint par la même occasion un classique assuré du cinéma afro.
Écrit et réalisé par John Singleton, à l’époque jeune homme de 23 ans fraîchement diplômé de l’Université de Californie du Sud (pour la « modique » somme de 6 500 000 $). Boyz N the Hood rafla de nombreuses récompenses (Young Artist Awards, MTV Movie Award, et une nomination au Oscar en 1992) et s’offrit même le luxe d’une « standing ovation » de 20 minutes au festival de Cannes. Malgré le fait que le casting du film était quasi inconnu et, qu’une fois n’est pas coutume, il mettait en scène des héros afro-américains, sans qu’une quelconque figure messianique ne leur prenne la vedette.
Le casting de Boyz N the Hood rassemble bon nombre d’acteurs qui, par la suite, accéderont à une renommée internationale. John Singleton contacta Laurence Fishburne (aka Furio Styles), le père emblématique enseignant à son fils Tre à devenir un homme ; qui lui proposa ensuite Angela Bassett pour jouer le rôle de la mère seule. Au Arsenio Hall Show, Singleton rencontra Ice Cube qui deviendra Doughboy, le gangster. Ajoutez à cela Cuba Gooding Jr incarnant Tre, le jeune héros, et Morris Chesnut dans la peau du fils prodige sacrifié. Le tout pour une œuvre cinématographique de premier ordre.
L’histoire de Boys N the Hood ou le vécu de milliers de jeunes afros américains
L’histoire, largement inspirée par la jeunesse de John Singleton lui-même. Plutôt que d’être représenté par autrui, Singleton avait préféré se représenter lui-même. Comme son personnage principal, Tre, Singleton a grandi à Inglewood avec sa mère et déménagé ensuite chez son père, un courtier en hypothèques, à South Central. Et, comme Tre, Singleton a vécu la folie suicidaire de son quartier.
BNDH narre le passage à l’âge adulte de trois jeunes noirs de Creenshaw, un quartier défavorisé de L.A South Central, Tre (Cuba Gooding Jr), Ricky (Morris Chesnut) et Doughboy (Ice Cube) qui évolueront dans un univers violent où l’absence de père, les bavures policières, les gangs, les armes à feu et la drogue sont monnaie courante.
Succès immédiat, le film engrangea 10 millions $ en à peine trois jours d’exploitation (un sacré retour sur investissement). Revers de la médaille, bien que Boyz N the Hood véhicule un message de paix, sa sortie coïncide avec la multiplication des violences liées aux gangs qui firent un mort et plusieurs blessés, poussant quelques gérants de salle à retirer le film de leurs écrans.
La violence, une triste réalité
Avec un peu de recul, cette guerre des gangs accompagnant la sortie du film ne fit que le rendre plus en phase avec la réalité de la rue. La première œuvre cinématographie de Singleton fut à l’affiche 9 mois avant les émeutes de Watts de 1992, provoquées par la relaxe des deux policiers de Los Angeles ayant passé à tabac Rodney King. John Singleton, affirma à ce sujet que son film était tout simplement la sonnette d’alarme cinématographique par rapport à une situation insoutenable pour ceux qui vivaient les « hoods » de Los Angeles. Grâce à ce premier long métrage, Singleton accède au club fermé des jeunes réalisateurs noirs à l’instar de Spike Lee, Mario Van Peebles ou encore Robert Townsend. Comme eux, John Singleton réussi à faire voler en éclats les stéréotypes et à prouver que les afro-américains étaient les mieux placés pour parler des problématiques de leur communauté.
27 ans après, il est indéniable que Boyz N the Hood a permis de braquer les projecteurs sur les difficiles conditions de vie de la jeunesse afrodescendante des ghettos américains en apportant pour une fois le regard de ceux qui connaissent véritablement cette réalité.