Black Lives Matter, really ?

« Les vies des Noirs comptent », mais comptent-elles toutes ? La vie humaine importe. La vie des Noirs tout autant, mais dans ce contexte de perpétuelles atteintes à nos existences, il convient de garder toute proportion et de fuir le risque de sombrer dans une hiérarchisation des vies « Noires ». Car bien que les Etats-Unis couvrent l’actualité, des centaines de vies sont arrachées, quotidiennement, loin du pays des Donut’s. Black Lives Matter ? OUI ! Mais All Black Lives Matter*.

Le collectif Black Lives Matter est créé en 2013 par trois jeunes femmes, afin de lutter contre la négrophobie, les contrôles de police meurtriers et le profilage racial. Au départ simple hashtag, Il prend de l’ampleur suite à une vague d’assassinats de jeunes hommes Noirs par des blancs, policiers ou civils : Trayvon Martin, Michael Brown, Eric Garner… Cette colère, cette injustice, ce sentiment d’impunité subit par les afro-américains, trouve évidemment un écho retentissant dans les sphères noires outre-Atlantique. En France notamment, un pays où ladite communauté est depuis toujours influencée par le soft power américain. De Sidney Poitier à Eddie Murphy, c’est par procuration US que les Noirs de France vivent une illusion d’émancipation, un désir puissant d’organisation et une impression de pouvoir peser sur la scène mondiale. Ainsi, toute information qui arrive du pays d’Obama est exacerbée : aux « States », tout est plus beau, tout est plus grand, tout est plus grave.  La force de la révolte qui serre les cœurs des francophones à l’annonce d’un énième afro-américain abattu par un Blanc (souvent policier), « juste » à cause du racisme , est telle qu’elle annule tous les autres crimes commis ailleurs, dans les Caraïbes ou en Afrique. Nous sommes submergés et donc amnésiques quant aux exécutions de masse commises dans des pays auxquels nous sommes pourtant directement rattachés.

Déplacés du Kivu Source: InfosBasCongo
Déplacés du Kivu
Source: InfosBasCongo

Africa Hiroshima

Un Noir abattu aux Etats-Unis, c’est une vie de trop gratuitement arrachée. Soit. Toutefois, au même moment, des centaines de femmes, fillettes, viellardes sont violées, détruites et laissées agonisantes. Des hommes sont humiliés et abattus, les corps s’amassent par palettes. Un mouroir verdoyant, à ciel ouvert,théâtre d’un génocide dont le monde n’arrive pourtant pas à s’émouvoir. Au Kivu, pas de Big mac, de Coca-cola ou de BET, pas de rayonnement, donc pas d’intérêt. Pareillement, Boko Haram qui fait des siennes depuis plus de cinq ans en Afrique de l’ouest. Boko Haram qui enlève des filles, qui marie des fillettes et qui tue sur la place publique. En Mauritanie, où de jeunes femmes sont vendues et revendues dans une pratique esclavagiste autorisée par l’Etat. A Haïti où les conséquences des tremblements de terre font encore des victimes, malades, orphelines, ou  « reste-avec ». Tous ces coins où la prostitution fait rage, où la violence est devenue normale et expose les enfants au trafic et à la pédophilie touristique. Là-bas, pas de stars qui marchent ou se filment pour dire STOP. Il est vrai que cela nous touche un peu, les quelques instants qu’on en entend parler, par hasard, mais l’émotion n’est pas aussi vive, c’est pas « kainry ». Toutes nos vies comptent, et l’organisation des afro-américains quant aux drames qu’ils ont à affronter quotidiennement, doit susciter certes solidarité mais surtout compréhension. Nous n’avons pas à nous indigner du silence complice du monde, alors que nous-mêmes cautionnons le fait que ce qui ne rime pas avec Hollywood n’a aucune valeur.

*Toutes les vies noires comptent

SK
SK
SK est la rédactrice/ journaliste du secteur Politique, Société et Culture. Jeune femme vive, impétueuse et toujours bienveillante, elle vous apporte une vision sans filtre de l'actualité.

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