La Gloire de mon père est à Pagnol ce que Bienvenue à Marly-Gomont est à Kamini. L’artiste à la coiffure déjantée rend un hommage touchant à son père.
Marly-Gomont : des verts pâturages au grand écran
Il venait d’un village au nord de Paris, TRÈS au nord de Paris… Kamini Zantoko, ou tout simplement Kamini pour les intimes, est né un mois de décembre enneigé de l’année 1979 au Nouvion-en-Thiérache. Ce rappeur et humoriste est devenu un véritable phénomène du web notamment grâce à Marly-Gomont, hommage musical à cette petite commune bien française située dans le département de l’Aisne en région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. 10 ans (coup de vieux) ! Et oui c’était il y a 10 ans que l’infirmier en blouse blanche Kamini débarquait de nulle part (pardon de la France profondément profonde) avec son titre considéré comme l’un des tout premiers gros buzz de l’histoire d’Internet avec plus de 20 millions de vues juste sur l’hexagone.
Une décennie s’écoule depuis ce premier succès 2.0, il est temps de passer un cran au dessus : le cinéma. Il retrace son histoire dans un long métrage avec à l’affiche les talentueux Marc Zinga, Aïssa Maïga, le petit Bayron Lebli, la footballeuse en herbe Médina Diarra ou encore Mâ Nga, Frédéric Bukolé, pour ne citer qu’eux. Un casting de choix (à souligner) pour un film de premier choix.
En résumé…
Nous sommes en 1975. Seyolo Zantoko, médecin congolais originaire de Kinshasa fraîchement diplômé, saisit l’opportunité d’un poste de médecin en campagne, « un petit patelin pommé que même la France elle sait pas qui sont là chez elle, que personne ne connait pas même Jean Pierre Pernaut« . Arrivés à Marly-Gomont, Seyolo, son épouse et leurs deux bambins déchantent. Les habitants ont peur. Crédidiou, c’est qu’ils n’ont jamais vu de Noirs de leur vie les Marlysiens. Mais le Docteur est bien décidé à réussir son pari – s’intégrer et être accepté – et va tout mettre en œuvre pour gagner la confiance des villageois.
Mais…c’est moi !
Monsieur Kamini seriez-vous… MON FRÈRE ? Je me suis TELLEMENT reconnue dans Bienvenue à Marly-Gomont que je me suis demandé si ce n’était pas mon histoire que vous décriviez, surtout dans les scènes où le Docteur Zantoko éteint la télévision et demande à ses enfants d’aller lire dans leur chambre (car oui il faut bien travailler à l’école) ou la gène lors de l’arrivée bruyante et en fanfare de la famille bruxelloise. Un père ne souhaitant qu’une chose pour sa petite famille, le meilleur – quitte a en oublier un temps soit peu ses origines. Pas de lingala à la maison, concentration sur les études, attitudes discrètes en public, pas un mot plus haut que l’autre… Un très bon jeu d’acteur montrant une réalité ni surjouée ni exagérée qui parlera à beaucoup d’entre vous.
Mon père, ce héros
Dans ce nouveau chef d’oeuvre cinématographique (oui on ose le dire), l’artiste à la coiffure survoltée rend un hommage très touchant à son père tué dans un accident de la route en 2009 (paix à son âme). Un triste événement qui le marquera à vie, mais restera un moteur dans ces projets. D’ailleurs en parlant de projet, il faut savoir que ce film n’est pas le come-back de Kamini sur le devant de la scène médiatique. Cet homme de l’ombre tourne avec son one-man-show (hilarant) et prépare son troisième album.
Quoi ? Des Noirs !?
Une histoire traitée sur un ton comique, mais également dramatique avec un fond d’actualité : le racisme anti-Noirs dans un pays Blanc qui se veut être encore plus blanc. En 1975 comme en 2016, les similitudes des situations sont consternantes. Quitter le pays, en découvrir un nouveau, s’acclimater tout en faisant face aux clichés, aux regards malveillants et aux éternels « pepito, bamboula, noirode« , une intégration difficile que beaucoup d’expatriés africains ont malheureusement connu. Et c’est d’autant plus fort en province et dans les campagnes françaises. Malgré ces événements, Zantoko relativise. Son avenir sera forcément meilleur en France au milieu des vaches qu’au Congo où ses habitants souffrent sous le règne du Président Mobutu. Il a inculqué à sa progéniture l’optimisme en tous temps et un travail scolaire assidu en réponse aux injures, aux railleries et même aux coups, parfois.
Et pour conclure…
Bienvenue à Marly-Gomont sera en salle à partir du 8 Juin, prenez le temps d’aller le voir. Seul(e), en couple, en famille, vous allez bien rigolé. En prime, vous aurez droit à une séance de lingalisation (apprentissage de la langue Lingala) !
Pour vous mettre en haleine (re)regardez la bande-annonce !