Le panafricanisme n’est pas un « game » !!! Originellement, le panafricanisme est entendu comme un courant de pensée, une idéologie, un mouvement politique, qui nous intime, à nous autres africains (du continent et de la diaspora), l’unité, la solidarité, l’autodétermination et la coopération économique en vue de notre élévation collective. Ce courant plus que centenaire a été soutenu, promu par nombre de nos illustres aînés qui ont consacré leur vie et sont parfois morts pour que l’émancipation réelle et l’unification des populations africaines à travers le monde deviennent réalité.
Par Franswa Makandal
Est-il nécessaire de parler de l’honorable Marcus Garvey et de son génie organisationnel, du chantre de l’indépendantisme africain que fut Nkrumah, de l’oeuvre magistrale de Cheikh Anta Diop, de Thomas Sankara le leader révolutionnaire, du Dr Khalid Abdul Muhammad le « Black Power Général« , ou plus proche de nous de l’éloquence d’un Kemi Seba (lien ici) ? Tous ont apporté (et apportent encore) de la dignité aux nôtres et ont pris des coups pour cela.
Quelle ne fut pas ma surprise de voir certains artistes de notre communauté, aussi talentueux soient-ils, utiliser le panafricanisme, de manière plus que maladroite, pour régler leurs comptes avec d’autres artistes, sans en maîtriser les tenants et les aboutissants, ou tenter de se donner de la profondeur en invoquant nos glorieux prédécesseurs qui se sont levés pour que nous puissions marcher la tête haute, noir et fièrement. Il est certes louable de diffuser cette noble idéologie de libération africaine à un public large, notamment à notre jeunesse friande de musique urbaine, mais nos motivations doivent l’être tout autant, car le panafricanisme n’est pas un « game » !!!
De tout temps beaucoup de nos artistes ont utilisé leur art, leur notoriété pour conscientiser, mobiliser et libérer les nôtres. Je pourrais citer en exemple la grande Nina Simone qui n’hésita pas à hypothéquer sa carrière en s’engageant corps et âme dans la lutte pour les droits civiques que menaient nos frères outre-Atlantique, la grande Miriam Makeba, aka « Mama Africa« , un temps compagne du militant panafricain Stokely Charmichael, aka Kwame Ture, contrainte à l’exil pour avoir dénoncé le système inique de l’Apartheid, ou encore Bob Marley qui à travers sa musique redonna de la dignité et revalorisa l’identité noire écornée par des siècles d’esclavage et de colonisation et tant d’autres qui par leur attitude nous ont enseigné que le panafricanisme n’est pas un « game » !!!
Loin de moi l’idée d’exacerber les tensions entre artistes, de participer à quelconque clash entre artistes afros (qui sont stériles et vont à l’encontre même de la doctrine panafricaniste), mais plutôt d’appeler nos géants du monde de la musique et de l’entertainement, à étudier sérieusement le panafricanisme, à se former dans ce domaine, à appréhender cette école de pensée de manière scientifique, à accepter leur responsabilité de leader d’opinion vis-à-vis de notre jeunesse, à utiliser leur notoriété non pas pour diviser les nôtres, pour se donner un genre ou pour justifier des prises de position plus que douteuses, mais pour épaissir notre réflexion dans une démarche résolument axée vers la renaissance africaine, car Le panafricanisme n’est pas un « game » !!!
Le panafricanisme n’est pas un « game« , un effet de mode, un sujet que l’on évoque à la légère. Dans le système actuel, à l’heure où la négrophobie à « pignon sur rue » sur la toile comme dans le réel, être panafricaniste c’est prendre des risques, prendre des coups, mettre potentiellement en péril sa carrière, être dans une démarche de « marronnage intellectuel » !!! Cette « arme » idéologique n’est pas à prendre à la légère, elle nous permettra d’inverser la situation dramatique dans laquelle nos populations sont installées depuis bien trop longtemps, tant sur les plans politiques, économiques, sociaux que culturels. Ceux qui s’en réclament doivent s’en montrer dignes, sous peine de trouver face à eux des frères et des soeurs, des organisations ou des média comme le nôtre pour leur rappeler autant de fois que nécessaire que le panafricanisme n’est pas un « game » !!!
Panafricainement votre, Franswa Makandal