Retour sur l’histoire: l’Apartheid
Le régime d’Apartheid fut mis en place législativement en 1948, en Afrique du Sud, suite à la victoire électorale du Parti National de Daniel Malan. Le mot Apartheid signifie séparation en Afrikaans. Ce régime exigea la division de la population sud-africaine en quatre branches : les blancs dont les Afrikaners font parties (descendants européens : néerlandais, britanniques, français, allemands principalement), les indiens, les métis et les noirs. L’apartheid était fondé sur le principe raciste que les Blancs étaient un peuple élu et qu’il était menacé par le métissage.
Une quarantaine de lois ont ainsi été mises en place pour que le contact entre les différentes races de la population soit impossible. Des zones d’habitations ont ainsi été établies. Les noirs représentaient 61% de la population sud africaine. Mais, ils ne se sont vus attribués que 13% du territoire et se sont donc retrouvés surpeuplés. Tous les domaines étaient touchés par la ségrégation : financiers, géographiques, politiques, économiques, sociaux… Mais la résistance des noirs et particulièrement d’un homme, Nelson Mandela, a réussi à mettre fin à cette situation en 1991. Mandela dirigeait un parti appelé ANC, le Congrès National Africain. Sa lutte principale était de mettre fin au régime d’apartheid et accorder des droits égaux à toute la population. En 1963, il est arrêté pour sabotage et condamné à la prison. Plusieurs fois, le gouvernement lui propose de le libérer à condition qu’il abandonne son combat contre la ségrégation, ce qu’il refusa à chaque fois. Son seul désir était de voir l’abolition de l’apartheid.
Le 11 février 1990, Nelson Mandela est libéré de prison par le nouveau président Frédérik De Klerk. Ensemble, ils mettent officiellement fin au régime ségrégationniste le 30 juin 1991. Le 9 mai 1944, Mandela devient le premier président noir d’Afrique du Sud et met en place une politique de rassemblement des populations.
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Le pari est-il réussi ?
Nelson Mandela a laissé derrière lui une communauté noire libérée de ses chaînes, en théorie. Les Noirs représentent aujourd’hui 80% de la population sud africaine. Pourtant, dire que toute cette communauté a réussi à s’émanciper économiquement parlant, serait une hérésie. L’Afrique du Sud reste un pays à deux vitesses. Certains quartiers voient l’émancipation des Noirs quand d’autres continuent de voir la domination des Blancs. Le quartier de Soweto en est la parfaite démonstration. Soweto est une banlieue située à 15 km de Johannesburg. Durant l’apartheid, Soweto fut construit pour n’accueillir que des Noirs. Aujourd’hui, cette banlieue est composée de quartiers très aisés. Des lotissements très coquets commencent à apparaître. Les noirs deviennent entrepreneurs, obtiennent des postes à responsabilités. Mais Soweto reste tout de même une des régions les plus pauvres d’Afrique du Sud. Le paysage de certains de certains de ces quartiers sont toujours remplis de bidonvilles.
La majorité des Noirs Sud-Africains reste en état de pauvreté. Dans le quartier d’ Alexandra, où Nelson Mandela a vécu dans les années 1940, la pauvreté touche 60% d’entre eux. Face à cela, le gouvernement tente de mettre certaines institutions en place pour leur permettre de prospérer. Le gouvernement appelle cela la discrimination positive. Des entreprises se voient poussées à favoriser l’embauche des Noirs. Une action qui se fait évidemment au détriment des Blancs. Ceux-ci possèdent encore aujourd’hui environ 80% des richesses du pays. Mais de plus en plus, environ 450 000 (soit 10% d’entre eux), vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté. Des ghettos blancs et des ghettos noirs voient le jour. La population n’est pas réellement mélangée. Dans les universités, des étudiants noirs luttent même pour la suppression de l’afrikaans comme langue d’enseignement. Ce à quoi les étudiants blancs sont formellement opposés, revendiquant leur patrimoine culturel.
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Un pays réfractaire à l’immigration
Une tension est encore palpable entre les blancs et noirs sud-africains. À cela, il faut ajouter les attaques xénophobes perpétués par une minorité de noirs. Plusieurs violences envers la communauté nigériane, par exemple, ont été recensées en Avril 2015. Ce qui nous fait rappeler la crise de 2008. Cette année là, des sud-africains habitants dans les quartiers pauvres s’en sont sauvagement pris aux immigrés Africains, les accusant de voler leurs emplois. Les Noirs sud-africains en situation de précarité ne croient plus en l’ANC, le parti de Nelson Mandela. Le chômage fait partie des préoccupations principales des habitants. Ils voient donc en l’immigration une concurrence déloyale. En effet, les immigrés africains acceptent de travailler pour des salaires moindres et sont donc plus facilement embauchés.
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Une lueur d’espoir ?
Il existe une frustration économique et sociale toujours présente dans le pays. Les Noirs veulent enfin toucher le rêve de Mandela, quand les Blancs eux ont peur de voir leurs privilèges disparaître. Néanmoins, selon Frans Conjé, directeur de l’Institut des Relations Raciales de Johanessburg, ces crises ne doivent pas masquer la volonté de construire, partagée par la majorité de Sud-Africains. Selon lui, les débats parus dans les médias autour de la population Sud-Africaine ne sont pas le reflet du sentiment général du pays. La majorité des Sud-Africains se respectent et souhaitent pouvoir vivre ensemble et ainsi voir leur démocratie réussir.
Une chose sur laquelle tous les Sud-Africains arrivent en tous cas à se mettre d’accord : le gouvernement doit agir et agir vite. Des manifestations sont en cours pour demander la démission du président actuel Jacob Zuma. Plusieurs faits lui sont reprochés. Entre autre, il est accusé d’avoir utilisé 20 millions de dollars sur le dos des contribuables pour se faire construire une magnifique résidence privée. De quoi affirmer que le pays n’a pas encore trouvé son nouveau Mandela.