Le président du club de football italien de l’AC Milan, Silvio Berlusconi, a été l’auteur dimanche d’une phrase raciste envers l’un de ses joueurs, en l’occurrence Mario Balotelli. D’autres avant lui ont subi les mêmes attaques.
Les Italiens ont vraiment du mal avec les Noirs dans le sport, ou ailleurs. Un fait inacceptable qui ne date pas d’aujourd’hui et surtout, qui devient une mauvaise habitude ces derniers temps avec comme cible (encore) le footballeur Mario Balotelli. Le joueur de 25 ans, d’origine ghanéenne, a été victime de propos racistes de la part de son patron Silvio Berlusconi.
A l’occasion du 30ème anniversaire de son règne à la tête du club, l’ancien président du Conseil a réalisé dimanche une sortie médiatique inconcevable à l’intention de son attaquant Mario Balotelli: « Nous avons un riche vivier de talents, avec (Jeremy) Ménez et Mario Balotelli, qui est italien, même s’il a passé trop de temps sous le soleil« , a-t-il déclaré sur Sky Sports.
Les précédents: Paul Pogba et Antonio Rudiger
Malheureusement, l’homme de 79 ans ne sera pas puni pour ces mots. Le président de la fédération italienne de football Carlo Tavecchio a fait de même avec le footballeur Paul Pogba en juillet 2014 en déclarant ceci: « Opti Poba est arrivé et mangeait des bananes, aujourd’hui il joue en titulaire en série A ». Le pire, c’est que ses déclarations honteuses envers le Français qui joue à la Juventus Turin n’ont pas empêché Carlo Tavecchio d’être nommé président de la fédération italienne le 11 août 2014. Après sa nomination, il a été ciblé par une procédure disciplinaire de l’UEFA qui l’a suspendu pendant 6 mois de toutes fonctions officielles.
C’était une bonne action de la part de l’instance européenne mais elle pouvait aller plus loin en l’excluant. Ça aurait marqué le coup. Dans le même registre, avec une fin plus conforme, le consultant italien Stefano Eranio avait critiqué le défenseur de l’AS Rome Antonio Rudiger en octobre dernier après un match disputé en Ligue des champions. Voici ce qu’il avait déclaré: « les joueurs de couleur qui évoluent derrière font ce genre d’erreur car ils ne sont pas assez concentrés. Ils sont puissants physiquement mais dès qu’il s’agit de penser, ils font des erreurs. » L’ancien ailier de l’AC Milan a bien sûr été viré par la chaîne en question pour cet écart.
Carton rouge pour l’Italie
On sait bien que le racisme est un problème qui touche le monde du ballon rond et plus particulièrement en Italie par ces exemples et d’autres qu’on peut citer (notamment celui de Kalidou Koulibaly ou bien Kevin-Prince Boateng, voire Samuel Eto’o). Le premier évolue à Naples alors que le deuxième est à l’AC Milan comme Mario Balotelli enfin, le troisième a porté les couleurs de l’Inter Milan de 2009 à 2011. Ils ont reçu des insultes racistes de la part des supporters adverses. Quand le problème vient de tout en haut, je fais ici référence à Carlo Tavecchio, président de la fédération italienne de football, il est très difficile d’éradiquer ce fléau et, du coup, de faire changer les mentalités. Pourtant, l’Italie doit passer ce stade-là pour vaincre ses démons.
Dans son livre « Mes Etoiles noires », sorti en 2010, Lilian Thuram qui a joué pendant 10 ans en Italie affirmait que « l’Italie est raciste », précisant que « le racisme présent dans le football italien est le reflet du racisme présent dans sa société ». Nous sommes obligés de constater que la situation n’a toujours pas évolué en 2016. On a l’impression qu’elle a empiré avec ces nombreux cas concernant ces footballeurs ou bien un policier d’origine sénégalaise. A partir de quand les grandes instances vont-elles prendre leur responsabilité en mettant fin à cette montée de la xénophobie qui gangrène leur pays ?