La première édition du cinéclub ClapAfrique, organisé par l’association CINEWAX s’est déroulée dimanche 7 février au cinéma l’Etoile, aux Lilas (Seine-Saint-Denis). L’occasion de participer à une initiative sociale importante qui ambitionne de promouvoir les cinémas africains en France, et d’impulser la mise en place d’un réseau de cinéclubs populaires solidaires au Sénégal pour le rayonnement du cinéma international et la création d’emplois . Ce fut aussi et surtout une rencontre avec le réalisateur Moussa Toure autour de son film La pirogue. Sorti le 17 octobre 2012, il raconte le destin d’un Sénégalais, Baye Laye (Souleymane Seye Ndiaye), capitaine d’une embarcation qui doit mener trente hommes de Dakar à l’Espagne.
Migrer est-il toujours synonyme de réussite ?
Pour une grande majorité d’Africains, partir pour l’Europe nourrit l’espoir d’une vie meilleure, la possibilité de trouver un travail et de faire vivre la famille restée au pays. On dit que « partir c’est mourir un peu, mais rester, c’est crever doucement »*. Pourtant, partir c’est parfois crever aussi, lorsque les moyens ne sont pas au rendez-vous et que l’exile n’est possible que sur une embarcation prévue pour la pêche. C’est le cas de Baye Laye et de ses compagnons d’infortune, qui, poussés par la nécessité d’améliorer leurs conditions de vie, tentent le tout pour le tout.
De Dakar aux îles Canaries
Baye Laye, le capitaine, était pourtant réticent, mais il choisit finalement de prendre sur lui le destin de 30 autres passagers pour une traversée de 7 jours. 7 jours, 168 heures de navigation laborieuse pour rejoindre l’Espagne. Au fur et à mesure que la pirogue avance, la peur s’amplifie mais, elle est moins forte que la détermination. Les compagnons de route doivent s’entendre et se soutenir car personne n’est sûr d’arriver et au bout du voyage, un autre défi, celui de s’installer en tant qu’immigré clandestin dans un pays étranger.
L’immigration par la mer, une épopée funeste
Moussa Toure, originaire de Dakar et réalisateur engagé a fait ce film pour interpeller et déranger. Interpeller la population sénégalaise sur ce péril en mer, qui se termine rarement bien. Des dizaines de pirogues partent chaque semaine du Sénégal, chargées d’hommes que la misère pousse à tenter le pari fou de braver les eaux pour rejoindre un autre continent. Un phénomène que des familles entières subissent et taisent, elles qui pleurent silencieusement et constamment des morts noyés. Déranger les politiciens pour leur montrer que leur négligence précipite la mort de milliers de leurs citoyens, dont ils sont pourtant responsables. L’immigration, cette immigration désespérée, est un drame qui concerne le monde entier, mais auquel personne ne semble vouloir trouver de solution pérenne.
*citation de Gilles Veber