L’Union africaine a décidé de renoncer à envoyer des troupes au Burundi, suite au Conseil de paix et de sécurité à huis clos qui s’est tenu dans la nuit de vendredi à samedi, la veille de l’ouverture du 26° sommet de l’Union africaine qui s’est cloturé ce dimanche à Addis Abeba (Ethiopie).
Placé sous le thème « 2016: Année des Droits de l’Homme en Afrique avec un accent particulier sur les droits des femmes », le 26° sommet de l’Union africaine (UA) a permis aux différents chefs d’Etats africains ou à leurs représentants ainsi que des participants venant d’autres pays et des organisations régionales ou internationales, de se pencher sur le cas du Burundi qui est plongé dans une profonde crise politique depuis avril 2015 après l’annonce de la volonté de Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat. Depuis lors, plus de 400 personnes ont été tuées et environ 2 300 autres (opposants, militants associatifs et journalistes) exilées.
En décembre dernier, l’Union africaine avait annoncé son intention d’envoyer 5 000 hommes de la Misison africaine de prévention et de protection au Burundi (Maprobu) pour permettre d’enrayer le cycle des violences faisant craindre des massacres à grande échelle, voire un génocide. Une proposition que le gouvernement de Pierrre Nkurunziza avait catégoriquement refusée.
Parallèlement, une partie de la Constitution de l’Union africaine interdit de déployer des forces sans le consentement du pays membre qui en fait l’objet, car cela constituerait une violation de ses droits souverrains. Ce qui explique notamment pourquoi la majorité des chefs d’Etats qui se sont entretenus le vendredi 29 janvier a voté contre l’envoi de troupes à Bujumbura. Cependant, les membres de l’Union africaine ont décidé de dépêcher « une délégation de très haut niveau » pour discuter avec les autorités burundaises.
» Si le Burundi l’accepte, ce sera une force pour le désarmement des milices, la protection des civils en coopération avec les forces de police locales, la facilitation du travail des observateurs des droits de l’homme« , a déclaré Smaïl Chergui, le commissaire de l’UA à la Paix et la Sécurité. » Il n’y a pas de volonté ni d’occuper ni d’agresser », a- t-il complété, précisant que la mission de l’UA visait à « donner un peu de quiétude à tout le monde. »
Dorénavant, à la tête de l’Union africaine, Idriss Déby, le président du Tchad a affirmé que « l’heure n’est plus aux paroles mais aux actes… » De son côté, Pierre Nkurunziza qui n’était pas présent à Addis Abeba avait promis de « combattre » la Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (Maprobu) qu’il considère comme « une force d’évasion et d’occupation. »
« Je n’ai pas l’impression que les chefs d’Etat et de gouvernement feront le déplacement jusqu’à Bujumbura juste pour avoir un avis sur une question. Tout le monde est au courant de la position du Burundi« , s’est exprimé ce dimanche, Alain Aimé Nyamitwe le ministre des affaires étrangères du Burundi, qui a manifesté de la satisfaction face à la décision de l’UA.
D’autre part, le prochain sommet de l’Union africaine se tiendra mi-2016 au Rwanda qui, actuellement, n’entretient pas de bons rapports avec Bujumbura l’accusant d’entraîner des rebelles burundais sur son son sol.