Invité sur le plateau de l’émission « On n’est pas couché » de Laurent Ruquier diffusé sur France 2, Manuel Valls a déclaré samedi dernier que le Président gabonais Ali Bongo Ondimba n’avait pas été élu « comme on l’entend » en réponse à Jeremy Ferrari, humoriste, comédien et chroniqueur français.
Le supposé dérapage de Manuel Valls: Bourde ou vérité?
« Comment vous expliquez qu’Ali Bongo se retrouve en tête d’une marche pour la liberté d’expression?« , demande Jérémy Ferrari à Manuel Valls concernant la présence de certains chefs d’Etat africains lors du cortège en mémoire des victimes de Charlie Hebdo le 11 janvier 2015. Manuel Valls: « Dans cette manifestation, il y avait des chefs d’Etat et de gouvernement. Vous retenez Ali Bongo, moi je retiens surtout un autre Africain, élu lui : Ibrahim Boubacar Keïta », répond le Premier ministre. « Ah, parce qu’il n’est pas élu Ali Bongo finalement?« , réplique le chroniqueur. Manuel Valls: « Non, pas comme on l’entend ».
Rappelons que la victoire d’Ali Bongo qui avait obtenu 41,73% des voix lors de l’élection présidentielle en août 2009 avait été fortement contestée par l’opposition estimant qu’il y’avait eu des fraudes. En effet, la nationalité du président gabonais est remise en cause. Des scènes de violence s’étaient alors intensifiées dans certaines villes du Gabon et le consulat général de France avait été incendié à Port-Gentil.
En septembre dernier déjà, une premiière affaire avait éclatée entre la France et le Gabon. Maixent Accrombessi, le directeur de cabinet du président gabonais mois avait été placé en garde à vue pour « corruption active et passive d’agents étrangers, abus de bien social, blanchiment, recel, faux et usage de faux ». Un mois après son arrestation Ali Bongo avait déclaré : « Nous disons que l’on a voulu humilier le Gabon ».
Libreville rappelle son ambassadeur en France
Ce dimanche soir le ministère des affaires étrangères gabonais par la voix de Pacôme Moubet Boubéya a annoncé que le Gabon rappelait Germain Ngoyo Moussavou, son ambassadeur en France suite aux propos du premier ministre français. » Je rentre aujourd’hui dans le premier avion, on verra par la suite » confié Germain Ngoyo Moussavou à un journaliste de I Télé ce lundi 18 janvier. De l’autre côté, la cellule diplomatique de Manuel Valls avait justifié la déclaration du Chef du gouvernement français par « sa fatigue » à la fin de l’émission (rires).
Avant d’effectuer un aller-retour express à Libreville pour « consultation », l’ambassadeur du Gabon en France a été reçu par le conseiller diplomatique de Manuel Valls, Stéphane Romatet lundi à 12h à Matignon. À l’issue de cet entretien, Germain Ngoyo Moussavou a indiqué « il a été convenu qu’il n’y a pas lieu de considérer qu’il existe une polémique, un incident, un malentendu entre la France et le Gabon, à la suite des propos tenus par le Premier ministre Manuel Valls lors de l’émission « On n’est pas couché « . Suite à cela Stéphane Romatet a réaffirmé que la France et le Gabon entretiennent de bons rapports pour tenter d’apaiser les choses. Mais la polémique n’a pas manqué de susciter une réaction de la part de l’opposition gabonaise « Tout le monde sait au Gabon que Valls a dit la vérité et que c’était le fond de sa pensée, a affirmé Jean Ping.
Selon nos sources d’information, Manuel Valls présentera ses excuses en public à Ali Bongo lors du forum de Davos le 20 janvier prochain. Néanmoins, nous ne saurons sans doute jamais si cette phrase relève le fond de la pensée du Premier ministre français. Mais une chose est sûre cette allégation vient mettre le feu aux poudres à quelques mois de l’élection présidentielle à laquelle Ali Bongo envisage d’être réelu.