Ce dimanche matin à Bangui dans l’enclave musulmane du PK5 des tirs ont éclaté entre opposants et partisans au référendum Constitutionnel. Selon des sources hospitalières au moins 20 personnes ont été blessées dont plusieurs dans un état grave et cinq morts.
Bangui, une ville sous une instabilité chronique
Les attaques par des groupes armés rebelles ont débutées très tôt dans la matinée de dimanche près de la mosquée centrale du PK5 avant de se poursuivre plus tard dans la journée à coups de mitrailleuse et lance-roquettes aux alentours de l’école Baya-Domba où il y’avait plusieurs électeurs. Des tirs et des explosions ont été également entendus dans Gobongo, un des fiefs des milices chrétiennes anti-balaka dans la capitale selon une source sécuritaire. En effet, ce dimanche 13 décembre les centrafricains étaient appelés à répondre par «oui»ou «non» au référendum sur le projet d’une nouvelle Constitution dans le cadre du processus des élections présidentielles et législatives prévues le 27 décembre. Le référendum constitutionnel a pour but de faire adopter un texte proposé par le parlement de transition qui prévoit principalement la limitation du nombre de mandat présidentiel (renouvelable une seule fois), la lutte contre la corruption qui gangrène l’administration depuis des décennies et l’éviction des groupes armés du processus politique. Si la nouvelle Constitution -126 articles sur 44 pages réparties sur 44 grands titres- est adoptée le Centrafrique connaîtra son 13° régime depuis son indépendance de la France en 1960 et entrera dans sa 6° république. Le pays a déjà connu cinq Républiques, un Empire et six transitions.
Division dans les clans musulmans et chrétiens
Le référendum constitutionnel qui a pour objectif de faire sortir la République centrafricaine des trois ans de violences et des affrontements intercommunautaires divise les musulmans au sein de l’ex-rébellion Séléka et des milices chrétiennes anti-balaka. Du côté des Séléka, certaines personnes la position -rejet de participation au processus électoral- de Nourredine Adam, commandant militaire des ex-rebelles de la Séléka et « ennemi n°1 de l’unité, de la paix et de la réconciliation nationale » selon le gouvernement actuel alors que d’autres veulent aller voter. Chez les milices anti-balaka, des manifestations avaient été organisées à Bangui quelques jours avant la tenue du scrutin pour contester l’invalidation des candidatures à la présidentielle de Patrice Edouard Ngaïssona, ancien coordonnateur général des milices anti-balaka et François Bozizé, ancien président renversé en mars 2013 qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international lancé par le gouvernement de 2013 « pour crimes contre l’humanité et incitation au génocide.»
Une prolongation des votes sous haute surveillance
Ce lundi à Bangui et dans les zones où le scrutin avait été perturbé dimanche par les attaques des rebelles -destruction du matériel, intimidation…- une prolongation des votes s’est faite sous haute surveillance. Des casques bleus de la Minusca (Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en Centrafrique) et des soldats français de Sangaris veillaient au bon déroulement du scrutin référendaire notamment aux abords de l’école de Boya-Domba. Le dispositif sécuritaire a également été mis en place en province dans les localités de Ndele, Biaro et Kaga Bandora, fiefs de la Séléka où les habitants intimidés par des tiers ou menacés n’ont pas pu se rendre dans les bureaux de vote. Même procédé du côté de Bossangoa, fief chrétienne anti-balaka dans l’ouest du pays.
Aucune violence n’a été signalée à ce jour et les résultats du référendum constitutionnel devraient être publiés dans les prochains jours. D’autre part, la Minusca a tenu à encourager « les électeurs du PK5 (3° arrondissement de Bangui) qui ont bravé les menaces et les attaques des saboteurs afin de prendre part ce diamnche au scrutin référendaire.»