48 heures après l’attaque de l’hôtel Radisson Blu en plein centre de Bamako, le Mali débute trois jours de deuil national à partir de ce lundi minuit en mémoire des victimes de vendredi dernier. Selon le gouvernement malien au moins dix neuf personnes dont les deux assaillantsont été tuées. Parmi les victimes, on compte dix huit clients dont quatorze étrangers et un gendarme malien. Dans un élan de solidarité le Sénégal, la Mauritanie et la Guinée ont décidé de se joindre au peuple malien dans ces trois jours de deuil national.
Vendredi matin, des hommes armés ont fait irruption à l’hôtel Radisson puis ont tiré à l’aide d’armes automatiques avant de retenir en otage 140 clients et 30 employés qui se trouvaient à l’intérieur de l’établissement. Très rapidement les forces maliennes (police, armée et gendarmerie) appuyés par les agents des Etats-Unis et ceux de la Mission de l’ONU (Minusma) sont arrivés sur place et ont donné l’assaut après avoir établi un périmètre de sécurité dans le secteur de l’hôtel. Dans l’après-midi, plusieurs militaires français et américains sont arrivés d’Ouagadougou en renfort aux forces de l’ordre malienne. Ibrahim Boubacar Keïta, le président malien qui se trouvait à N’djamena pour la G5 sahel est rentré de toute urgence. Une fois au Mali, le chef d’Etat a tenu un conseil des ministres extraordinaire et a décrété l’état d’urgence pour dix jours.
Dès vendredi dans un message diffusé sur la chaîne de télevision Aljazeera, le groupe Al-Mourabitoune dirigé par Mokhtar Belmokhtar avait revendiqué la prise d’otage et la fusillade de l’’hôtel Radisson avec la participation d’Al-Qaïda du Maghreb islamique. Ce groupe est également l’auteur de l’attaque terroriste survenue dans un bar à Bamako très fréquenté par des étrangers au mois de mars dernier.
Alors que depuis la fin de l’assaut, l’enquête vise à trouver trois individus (des complices) qui seraient des personnes qui ont aidé les assaillants à accéder à l’hôtel, on a assisté ce dimanche à un coup de théatre. Un autre groupe djihadiste le FLM (front de libération du Macina) a également revendiqué l’attaque contre le Radisson en donnant des détails contradictoires à celles fournies par le groupe Al-Mourabitoune. Le groupe évoque la présence de cinq hommes dont trois seraient sortis «sains et saufs » alors que Al-Mourabitoune a affirmé le même que seuls deux hommes étaient au Radisson. D’autre part, jeudi dernier- la veille de l’attentat- le chef du groupe djihadiste Ansar, Lyad Ag Ghaly avait rejeté l’accord de paix au Mali dit « Alger » signé mi-juin et appeler à poursuivre la lutte contre la France.
A Bamako, où une partie de la capitale est occupée au nord par des islamistes, les mesures de sécurité ont été renforcées aux abords des grands hôtels, des maries et des banques. Tous les drapeaux sont mis en berne sur le territoire national, les ambassades et les consulats.
Malgré cet attentat doublement revendiqué et dont certains éléments seront clarifiés par l’enquête en cours, ce dimanche à Bamako, on pouvait observer des cortèges de mariage avec des cris de joie, des rires…, un peu comme pour continuer à vivre cette tradition « le dimanche à Bamako, c’est le jour du mariage»…