Les Etats-Unis ont décidé d’adopter de nouvelles législations pour encadrer le métier de coiffeuse. Désormais toutes les coiffeuses doivent posséder une licence qui leur permet d’exercer. Seulement cette licence s’obtient après avoir effectué 300 heures de formation pour la somme de 3 000 dollars.
En raison de ces nouvelles mesures beaucoup de coiffeuses afro-américaines risquent de se retrouver au chômage. En effet, tresser sans licence est considéré comme une infraction passible d’une amende pouvant atteindre jusqu’à 2 500 dollars. Cette information n’a pas manqué à susciter de nombreuses réactions. « C’est injuste parce que moi, je faisais déjà ça dans mon pays. On sait déjà ce qu’il faut savoir, ça suffit. Pourquoi devrions-nous retourner à l’école ? » a énoncé Aminata, originaire du Sénégal et propriétaire d’un salon de coiffure à New York. Quelques clients d’Aminata ont particulièrement tenu à la soutenir en appuyant le fait que tresser est une pratique culturelle dont le gouvernement n’a pas à réguler la façon de l’appliquée. De ce fait, une des clientes d’Aminata a donc déclaré « J’aime comme elle me tresse. Je n’ai pas besoin que quelqu’un lui apprenne à faire autrement. Ça n’a aucun sens ».
Christine Mc Lean, coiffeuse originaire de la Côte d’Ivoire a estimé que cette règle n’avait aucun sens « de nous faire aller à l’école pendant des heures et des heures pour nous enseigner quelque chose que nous savons déjà faire ». Celle-ci avait déposer plainte contre l’Etat d’Arkansas et obtenu une signature officielle du projet de loi contre l’obtention de licences pour les coiffeuses spécialisées en tresse. Si cette loi si elle est ratifiée diminuera les frais d’études à 30 dollars au lieu de 20 000 dollars pour deux années scolaires.
Source photo: Institut pour la justice*
Paul Avelar, un des avocats qui défend la cause des coiffeuses afro-américaines dans cette affaire a expliqué que ces lois sont en quelque sorte un moyen pour « freiner » l’émergence d’autres coiffeuses. « Souvent, ces licences exigent l’équivalent d’un diplôme d’une école américaine. De nombreux immigrants africains n’ont tout simplement pas ce niveau de d’éducation » explique l’avocat.
Bien plus qu’un métier, une tradition
La coiffure est une tradition familiale en Afrique, un art qui se transmet de génération en génération. Bien souvent on se coiffe de mère en fille, entre cousines, c’est une tradition en lien avec la beauté et aussi une coutume qui permet aux femmes de passer un moment convivial entre elles. On discute, on rigole, on se raconte les dernières rumeurs…. Face aux conditions d’obtention de la licence qui s’acquiert après des longues et onéreuses formations, beaucoup de coiffeuses seraient susceptibles d’abandonner leur passion. Rachel Hourston, spécialiste dans le cheveu défrisé pense quant à elle que toutes les coiffeuses y compris celles spécialisées dans les tresses devraient passer une licence.
En avril 2015, Salamata Sylla une coiffeuse originaire du Sénégal avait gagné un procès contre l’Etat de Washington autorisant les coiffeuses spécialisées dans les tresses a exercé sans licence. Une autre coiffeuse, Jestina Clayton, originaire de la Sierra Léone avait aussi gagné le même procès dans l’Utah.
Pensez-vous qu’une licence peut certifier qu’une coiffeuse sait « correctement » faire des tresses?