C’est dans un message en Kirundi, langue nationale du Burundi adressé à la nation que le Président Pierre Nkurunziza a lancé ce lundi 2 novembre un dernier appel aux insurgés qui depuis le mois d’avril contestent son troisième mandat après son élection en 2005 et en 2010. Nkurunziza laisse cinq jours à tous les rebelles pour déposer leurs armes et se rendre.
La promesse d’une amnistie
« Le gouvernement, qui est un parent pour tous, vous donne cinq jours, depuis ce 2 novembre jusqu’au 7 de ce mois, pour renoncer définitivement à cette voie » de la violence a déclaré le chef de l’Etat burundais dans son discours diffusé sur les ondes publiques avant de rajouter « Vous serez accueillis par les forces de l’ordre, on vous apprendra à aimer votre pays pendant deux semaines, puis vous serez renvoyés parmi les vôtres». Il a notamment précisé qu’il s’agit « du dernier appel, dans votre intérêt. Sinon, vous allez regretter pourquoi vous avez rejoint les rangs des criminels armés ».
Selon les propos de Jean-Claude Karerwa, porte-parole adjoint de la présidence « cela signifie que ceux qui se rendront avant la date-limite vont bénéficier d’une amnistie. Après leur formation civique, ils vont rentrer chez eux, il n’y aura pas de poursuites judiciaires ». Le président burundais quant à lui, a appelé la population à aider les forces de l’ordre à démanteler les «petits groupes de tueurs» qui continuent d’agir et a également annoncé l’organisation d’un «dialogue national dans un esprit de concertation » qui se tiendra au Burundi. Rappelons que jusqu’ici le gouvernement burundais qui refuse de prendre en compte les demandes formulées par les autorités internationales (Union africaine, Etats-Unis, Union Européenne…) a déjà promis l’ouverture d’un dialogue national et refuse que les opposants au pouvoir en place y participent.
Dans un communiqué adressé au congrès américain le week-end dernier, Barack Obama a exprimé son souhait de retirer le Burundi de la liste des pays subsahariens qui bénéficient de l’accord commercial préférentiel entre les Etats-Unis et l’Afrique (AGOA). D’après le président américain, le Burundi ne remplit plus les critères qui lui permettent de continuer à bénéficier de cet accord à cause de « la répression continue contre les membres de l’opposition » dans le pays.
Une crise qui perdure…
Au moins deux cent personnes sont mortes depuis le 26 avril 2015, date de l’annonce du nouveau mandat du président Nkunrunziza. La nouvelle a plongé le Burundi dans une grave crise politique entraînant de nombreuses violences. En juin dernier, après une tentative de coup d’État militaire mi-mai, six semaines de manifestations avaient paralysées Bujumbura. Depuis la réélection de Pierre Nkurunziza le 21 juillet, les troubles se sont intensifiés (assassinats, arrestations, attaques contre la police…).
Samedi 19 octobre, le corps sans vie de Charlotte Umugwaneza, militante du parti d’opposition Mouvement pour la solidarité et le développement (MSD) avait été retrouvé près de la rivière Gikoma. Les proches de la victime avaient alors expliqué que celle-ci avait été enlevée par des individus à bord d’un pick-up dans l’après-midi du jeudi 15 octobre alors qu’elle était à la recherche d’un véhicule de transport pour son déménagement. La défunte voulait se mettre à l’abri…
Malgré cette crise qui s’éternise, Pierre Nkurunziza qui lors de sa prestation de serment fin août avait promis de ramener la paix et la sécurité dans les deux mois, a assuré que cet objectif avait été rempli à 92 % sans entrer dans le détail.