Ce dimanche 25 octobre, les bureaux de vote prévus pour le référendum sont majoritairement restés vides. Après quelques jours de hautes tensions à Brazzaville et à Pointe Noire, -affrontements entre les opposants au projet constitutionnel et les forces de l’ordre-, les Congolais ont désertés les lieux de vote.
Un référendum fortement contesté
La campagne référendaire qui avait laissé place à de violents heurts entre les partisans de l’opposition et les forces de l’ordre la semaine dernière à Brazzaville et à Pointe Noire s’est achevée ce vendredi. C’est dans un climat politique plus que tendu que les congolais ont dû aller voter ce dimanche de 7h à 18h, pour le référendum constitutionnel qui devrait permettre au président Sassou Nguesso de briguer un troisième mandat. Des policiers et des militaires patrouillaient les rues de Brazzaville et certains étaient même présents sur les lieux de vote.
Au même moment à Paris 600 opposants congolais manifestaient devant l’ambassade du Congo. Samedi 24 octobre, ils étaient près d’un demi-millier à marcher dans la capitale. La veille, ils avaient été reçus à l’organisation internationale de la Francophonie basée à Paris. Une délégation doit être reçue cet après-midi au ministère français des affaires étrangères.
Les bureaux de vote déserts
Dans le sud de Brazzaville réputé proche de l’opposition, l’engouement n’était pas au rendez-vous. Au deuxième centre de santé de Kinsoudi au sud de la capitale, sur 833 inscrits, on comptabilisait 184 « Oui », 48 « Non » et douze bulletins nuls. Certains assesseurs ont passé leur journée à attendre des électeurs qui ne sont pas venus. Plusieurs congolais n’avaient d’ailleurs pas reçu leur carte électorale ou ne figuraient pas sur les listes électorales affichées… « Il y’a le nom de mon père qui est mort, mais pas le mien » témoigne un jeune congolais avant de poursuivre « On ne sait pas ce qu’il y a dans ce projet de Constitution, ici rien ne va, on n’a pas de travail, pas de formation, pas d’électricité… Vous voulez que je continue la liste ? ». De l’autre côté, dans le nord et le centre de la capitale, quelques files d’attente s’étaient formées en début d’après midi. A 13h30 à la mairie de Ouenzé, on pouvait constater plus de 300 voix positives sur les 950 inscrits. 96 % de « Oui » du côté de l’hôtel de ville de Brazzaville sur 254 inscrits.
C’est à 11h que le président de la République, Denis Sassou Nguesso accompagné de la première dame s’est rendu dans un des bureaux de vote dans le centre de Brazzaville à côté du ministère de justice pour donner sa voix. Interrogé par les journalistes sur l’appel au boycott lancé la veille par l’opposition, celui-ci a dit que cela serait considéré comme de l’absentéisme et qu’il aurait été préférable que les militants opposants expriment leur opinion par un non que par du silence. Le chef d’Etat qui a qualifié les opposants « de force négative », a affirmé vouloir travailler avec tous les congolais sous entendu même ceux qui n’adhèrent pas à la modification constitutionnelle et a déclaré vouloir maintenir la paix au Congo. Concernant sa candidature pour un troisième mandat Denis Sassou Nguesso a repliqué « ce n’est pas à l’ordre du jour.» Rappelons que dans le projet de la nouvelle constitution, les deux verrous -limite d’âge et nombre de mandat dépassés- de la constitution actuelle qui empêchent Sassou Nguesso de se représenter à l’élection présidentielle de 2016 ont curieusement disparu (hasard ou coïncidence?).
À Pointe-Noire, un journaliste de l’AFP a pu constater un quart d’heure avant la fermeture du scrutin que les quatre urnes transparentes d’un centre de vote du quartier 120 Mpaka contenaient au total une quarantaine d’enveloppes, avant d’être chassé par des policiers.
L’opposition a appelé au boycott
Une médiation était prévue samedi soir entre le camp présidentiel, Abdoulaye Bathily, l’émissaire spécial des Nations Unies en Afrique Centrale et les dirigeants de l’opposition mais celle-ci n’a pas eu lieu. En effet, le camp présidentiel a demandé que cette dernière se fasse après la tenue du référendum.
Vendredi dernier, les opposants au président Denis Sassou Nguesso qui avaient été contraints d’annuler la manifestation prévue ce jour là suite à une défense de rassemblement sur la place publique énoncée par le pouvoir en place, annonçaient déjà que d’autres opérations allaient être mis en place contre le référendum qui s’est tenu hier. C’est ainsi que samedi à 00h, l’appel au boycott du scrutin référendaire a été lancé. « Restez chez vous » avait déclaré l’un des leaders de l’opposition. D’autre part, Guy Brice Parfait Kolelas un des chefs de file de l’opposition est depuis quelques jours assigné à Brazzaville.
Le président français François Hollande qui a essuyé un tollé de commentaires négatifs après son intervention la semaine dernière à propos de la situation à Brazzaville, s’est rattrapé par un communiqué indiquant qu’il veut « soutenir la liberté d’expression » et souhaite que « les constitutions soient respectées » alors que les Etats-Unis de leur côté avaient demandé un report du référendum. L’UE et l’Union africaine ont appelé au respect de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance qui interdit toute modification de la Constitution à des fins personnels.
Bien que les chiffres officiels ne soient pas encore publiés -ils le seront d’ici quelques jours-, les opposants au président Sassou affirment un échec de cette consultation populaire. Selon eux, le taux de participation serait inférieur à 3%. Mais selon quelques sources tout laisse prévoir une victoire du président Denis Sassou Nguesso sur ce scrutin jugé par certains comme étant ni libre, ni transparent.