L’idée de collecter des sacs plastiques noirs -première cause de mortalité chez les animaux- dans les rues et les parcs de Bodo Dioulasso, deuxième ville du Burkina Faso, et de les recycler a fait écho dans l’esprit de Haoua Ilboudo en 2002. C’est ainsi que, depuis treize ans les femmes de la GAFREH (Groupe d’action des femmes pour la relance du Houet) mènent un combat écologique et fabriquent des merveilles avec des sacs plastiques usagés.
Une innovation écologique
Excédée de voir des animaux mourir parce qu’ils ont ingurgité des sacs plastiques jetés dans les rues ou dans la nature, Haoua IIdoubo décide alors de les ramasser puis de leur donner une seconde vie. Elle soumet son initiative au GAFREH et au PAMER, Projet d’Appui aux Micro-Entreprises Rurales, qui la soutiennent et obtient en 2002 le 10° prix de la Foire de l’innovation pour le développement -gain de 3 millions de francs CFA qui vont permettre de lancer le projet-. Au départ, celui-ci ne réunissait que six femmes mais aujourd’hui ce sont plus de 95 femmes âgées de 16 à 70 ans qui pratiquent le recyclage des sachets plastiques. L’imagination est leur instrument, « On s’assoit et on réfléchit. C’est ça l’innovation ! », précise Haoua Ilboudo. « J’étais déjà couturière avant, mais ce que j’aime par dessus tout ici, c’est qu’on peut sans cesse créer de nouveaux modèles », déclare Pauline Sankara, employée depuis six ans au GAFREH.
Un aspect économique : création de « petites » merveilles
Le recyclage des sachets plastiques usagés favorise notamment la lutte contre la pollution dans les régions du Burkina et la création de l’emploi pour les femmes les plus défavorisées du collectif par la technique du tricotage. Une fois les sacs plastiques recyclés, les femmes du centre GAFREH les utilisent pour fabriquer du tissu. Avec ce tissu, elles cousent des sacs à dos, des pochettes pour ordinateurs et tablettes, des sous tasses, des colliers, des portes clés… Ces produits sont ensuite vendus dans les boutiques du groupe d’action des femmes pour la relance du Houet (GAFREH) à Bodo Dioulasso et à Ouagadougou. Ils sont principalement destinés aux touristes et aux burkinabés les plus aisés. En effet, un sac à dos traditionnel vaut à peu près 7 500 francs CFA (environ 10 euros), un coût un peu élevé pour le burkinabé moyen. « C’est un produit durable et écologique », affirme Christiane Lamizana, présidente de l’organisation. On peut se procurer ces petites merveilles via le site de l’association.
Un succès !
En s’associant avec les femmes de la GAFREH, la marque Yves Saint Laurent a lancé il y’a quelques années une gamme de sacs à main « Muse Two », fabriqué avec du tissus obtenu grâce aux sacs plastiques recyclés de Bodo Diaoulasso et du coton biologique issu du commerce équitable. En 2011, la reine d’Angleterre avait porté un collier confectionné par les membres de l’association. Cependant, l’action des femmes de Bodo fait face à plusieurs difficultés depuis octobre 2014 -baisse du tourisme dans le pays-. La présidente du centre de recyclage, Christiane Lamizana a déposé une demande de financement auprès du ministère de la promotion de la femme. Cependant, il semble que le gouvernement buirkinabè ne soit pas prêt à débourser des fonds pour soutenir cette initiative.