Les rapports d’autopsie et balistique sur la mort de Thomas Sankara, père de la révolution burkinabè ont été transmis aux familles ce mardi 13 octobre. Ces derniers devaient leur être communiqués le jeudi 17 septembre mais la procédure a été avortée suite au coup d’Etat organisé le 16 septembre par les membres du RSP.
En mai dernier, une exhumation avait été menée par trois médecins -dont un français et deux burkinabès- sur le reste du corps de Thomas Sankara et ceux de ses douze compagnons exécutés le 15 octobre 1987 lors du coup d’Etat qui avait permis à Blaise Compaoré de prendre le pouvoir. L’ordre d’autoriser les expertises nécessaires avait été donné au gouvernement burkinabé par la Cour africaine des droits de l’Homme en 2008. Ces investigations via des tests d’ADN et une autopsie devaient permettre de définir si c’est bel et bien le corps de Thomas Sankara qui se trouvait dans sa tombe au cimetière Dagnoën et définir les causes de la mort.
C’est Me Amboisse Farama, un des avocats de l’ancien président du Burkina Faso qui a révélé l’information à la presse « Au niveau des impacts, ce qu’on a pu relever en ce qui concerne le corps de Thomas Sankara, c’est vraiment ahurissant. On peut dire qu’il a été purement et simplement criblé de balles à tous les niveaux et même en bas des aisselles, ce qui montre certainement qu’il avait levé les bras. Il y en avait près d’une dizaine, la poitrine, les jambes, un peu partout ».
Bien que les résultats des tests d’ADN pour certifier les corps ne soient pas encore disponibles, les résultats présents de l’enquête permettent au moins d’élucider les circonstances dans lesquelles sont morts les treize hommes. En effet, selon les rapports d’autopsie et balistique, Thomas Sankara et ses douze compagnons ont été exécuté par balle avec des kalachnikovs et des pistolets automatiques. « Il a été conclu que les assassinats perpétrés le 15 octobre 1987 sont d’origine criminelle et les balistiques ont prouvé qu’il s’agissait principalement d’armes à feu, parce qu’on a trouvé des projectiles qui ont prouvé que c’était effectivement des balles qui ont été tirées et qui ont fait des offices sur les restes » a déclaré Me Bénéwendé Sankara, avocat de la famille.
Huit personnes dont plusieurs militaires du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) et le docteur Diébré Alibou -qui avait rédigé un faux certificat de mort naturelle de Thomas Sankara- ont été inculpées. Quatre des accusés étaient présents pendant la lecture des rapports d’autopsie et balistique par le juge d’instruction chargé de l’affaire.
Le général Gilbert Diendéré actuellement retenu au camp de gendarmerie pour 11 chefs d’accusations (atteinte à la sureté de l’Etat, destruction volontaire de biens, meurtre…) après le coup d’Etat raté du 17 septembre et son mentor Blaise Compaoré sont considérablement soupçonnés par le pouvoir en place d’être à l’origine de l’assassinat de Thomas Sankara, révolutionnaire anti-impérialiste panafricain.