Tentative de récupération du maître sur les esclaves en fuite. Act 2
Cette chaîne ne nous concerne pas
BET, Black Entertainement Television, a été créé à Washington (Etats-Unis) en janvier 1980 par Robert L. Jonhson, homme d’affaires noir américain. Elle répondait à un besoin de visibilité et de réappropriation de la Black culture musique par des noirs. Présentateurs, personnalités, récompenses, quasiment tout y est black. Aujourd’hui, BET arrive en France curieusement blanchie, avec à al présentation une française d’origine maghrébine et un français d’origine vietnamienne. Une appropriation de notre culture par d’autres cultures. Nous ne sommes pas concernés.
Les talents noirs encore sur le carreau
Nous avons (encore) démontré que nous étions plus que capables de fabriquer nos concepts et de les animer. Plus que ça, les rares qui ont réussi à obtenir des postes de journalistes et de présentateurs ont brillé dans leurs émissions. Nous avions revendiqué le désir de voir plus de nos frères et sœurs sur les écrans français puis, nous avons compris que nous devions nous débrouiller. Et nous l’avons fait. Mais voilà qu’une chaîne d’inspiration « black » arrive et que nos présentateurs n’ont même pas été sollicités pour lui donner de la couleur. C’est un énième doigt d’honneur.
Le beurre et l’argent du beurre
La vérité c’est que ces messieurs, qui ont acheté les droits d’export du concept ne veulent pas risquer d’envoyer un message de dignité aux Noirs de France. Une chaîne de noirs avec des Noirs !? et puis quoi encore ! Il ne faudrait pas qu’ils pensent qu’on leur fait (enfin) une place dans notre monde et dans notre société. Notre culture oui, parce qu’elle est bankable, mais pas de représentant de cette communauté qui ose de plus en plus remettre en cause un système clairement discriminatoire. Pas question ! Ce serait du communautarisme…
Nous avons nos propres chaînes
Bien heureusement, Afrostream est sortie de terre pour répondre à ce problème de représentativité. Une chaîne crée par l’un des nôtres, qui achète et diffuse le travail des nôtres, regardée par les nôtres. Le marché et le désir de se prendre en main ont donné lieu à l’avènement de ce projet inespéré, cela signifie que l’initiative va inspirer d’autres entrepreneurs pour nous offrir plus de chaînes et plus de liberté dans nos productions. Terminé les modifications de scénario pour faire plaisir aux maître-patrons de la distribution.
Ce sera avec nous ou ce ne sera pas du tout
Tout a changé et plus personne n’a le choix. C’est bien simple, ou les maîtres du monde nous consultent et travaillent avec nous, selon nos conditions, ou ils se trouvent d’autres créneaux. Car laisser Black Entertainement Television se développer sans nous, c’est laisser le choix de l’orientation de notre culture à d’autres (et on déjà vu ce que ça donne). Aujourd’hui il ne s’agit que de la (re)présentation mais, demain, peut-être voudront-ils dénaturer cet héritage que nous avons transmis à la musique. Peut-être Beyoncé sera-t-elle remplacée par Adèle ou Louanne et Diddy par Michael Mor ou Christophe Maé. Sans façons ! Pas qu’ils ne soient pas tous très talentueux mais, charité bien ordonné commence par soi-même. Et nous ne seront plus les seuls à ne pas l’avoir compris.