Depuis le coup d’Etat réalisé par les militaires de la RSP mercredi dernier, le Burkina Faso est sous haute tension. En effet, selon une source hospitalière le bilan serait lourd, il y’aurait au moins 10 morts et 113 blessés.
Arrivée des médiateurs
Le Président béninois Thomas Boni Yayi et le Président sénégalais Macky Sall, président de la Cédéao, sont arrivés à Ouagadougou vendredi pour entreprendre des négociations avec le général Gilbert Diendéré -président établi de force- par les membres du Conseil national pour la démocratie (CND).
Samedi soir, après une médiation Thomas Boni Yayi promettait « une bonne nouvelle » pour dimanche matin.
L’Union africaine annonçait par ailleurs la suspension du Burkina Faso ainsi que des sanctions à l’encontre des putschistes.
Des négociations très tendues
C’est dimanche, vers 10 heures du matin à l’hôtel Lacio à Ouagadougou, que le président sénégalais Macky Sall, président de la Cédéao –communauté économique des Etats d’Afrique-, Mohamed Ibn Chambas, président de l’ONU en Afrique de l’ouest, le général Gilbert Diendéré, des représentants de la classe politique et la société civile se sont rencontrés pour une troisième séance de médiation.
La réunion a été perturbée par des manifestations des pro-putschites à l’extérieur de l’hôtel. Ils se sont d’abord violemment attaqué à des partisans de la société civile qui se trouvaient sur place, avant de saccager le mobilier dans le hall de l’immeuble.
D’autre part, les maisons de deux proches de Blaise Compaoré, Simon Compaoré et Salif Diallo, ont été pillées dans la nuit de vendredi à samedi par des manifestants. Ces derniers ont également enflammé des pneus, barré des routes pour empêcher les putschites d’avancer dans la capitale.
A ce jour, les banques et les stations services sont toujours fermées, à l’exception de quelques marchés qui ont rouvert.
Les différents points d’accord des médiateurs
Un retour à la restauration des institutions de transition notamment, le rétablissement dans ses fonctions du Président Michel Kafando, destitué par le coup d’Etat, « libéré » jeudi soir et placé en résidence surveillée a été évoqué.
A ce sujet, Guy Hervé Kam, porte-parole du Balai citoyen, s’était exprimé « Nous demandons que le président Kafando ait une liberté totale de ses mouvements et qu’il soit réinstallé dans ses fonctions de président de la République. C’est seulement à ce moment là que nous considérerons que le président est libéré. Il ne sert à rien de le retirer du cachot et de le ramener dans sa villa présidentielle sous bonne escorte du régiment présidentiel et de dire qu’il est libéré. Le président Kafando, pour le moment, n’est pas encore libre ». Les élections présidentielles et législatives se voient donc décalées d’un mois.
Rappelons que les militaires du RSP accusaient le régime de transition d’exclure les partisans de Blaise Compaoré des élections. Ils revendiquaient aussi la dissolution de leur organe qui avait été suggéré par la société civile et le président de la CNT. De ce fait, les médiateurs donnent la possibilité aux pro-Compaoré de se présenter aux prochaines éléctions et proposent l’amnistie des putschites.
Le général Diendéré, qui avait joué un rôle important dans le pustch de 1987 permettant à Blaise Compaoré de prendre le pouvoir, nie être téléguidé par son mentor et ancien chef et se dit prêt à « rendre le pouvoir ». Le Burkina qui a connu plusieurs coups d’Etat militaires depuis son indépendance en 1960, est une fois de plus paralaysé.