Des militaires du RSP, régime de sécurité présidentielle annoncent ce matin la fin de la transition par une prise du pouvoir forcée, alors qu’ils retiennent en otage le Président par intérim, Michel Kafando et le Premier ministre Isaac Zida depuis hier.
L’hypothèse d’un coup d’Etat confirmée
Ce jeudi matin, un homme en tenue militaire identifié comme étant le Lieutenant Colonel Mamadou Bamba est apparu à la télévision nationale et a annoncé la dissolution des autorités de transition -gouvernement et parlement- ainsi que la démission du Président Michel Kafando. Il déclare que le RSP a pris le pouvoir, met en place une instance dénommée Conseil national pour la démocratie (CND) et nomme comme Président Gilbert Diendéré, ancien chef d’état-major et bras droit de Blaise Compaoré. Un couvre-feu de 19 heures à 6 h du matin a été mis en place et les frontières du pays sont fermées. Face à cela le Président de l’Assemblée de transitionCherif Sy dénonce un « coup d’Etat » : « Ils ont les armes, c’est une question de rapport de force. Nous, nous sommes mains nues, mais je suis sûr que le peuple se mobilisera ».
L’Union européenne s’est associée à l’Union africaine, la Cédéao et les Nations unies pour exiger la libération des autorités de la transition et la reprise du processus électoral.
La prise en otage
C’est hier dans l’après midi que des militaires du RSP, la garde présidentielle burkinabè, ont fait irruption en plein Conseil des Ministres au palais Kosyam, siège de la présidence à Ouagadou. Ils ont empêché le Premier ministre, le Président Kafando et quelques membres du gouvernement de quitter les lieux. Les membres du RSP, ancien bras armé du régime Compaoré, ont d’abord désarmés les gardes présidentiels, confisqué les téléphones de leurs otages et fermé les portails du palais présidentiel. Les putschistes ont également bloqué certaines rues de la capitale et pris d’assaut la radio Omega. En crise depuis plusieurs mois avec le Premier ministre Isaac Zida -ancien membre de ce régiment-, les hommes armés ont appris lundi dernier que la Commission nationale de réconciliation et des réformes (CRNR) propose la dissolution de l’organe RSP pour le rattaché à la police et à la gendarmerie.
La mobilisation
Des coups de feu ont été tirés en l’air par des militaires du RSP après la prise d’otage pour disperser la foule qui s’était réuni devant Kosyam pour réclamer la libération du président et de ses ministres. Mercredi soir, le Balais Citoyen a publié un message de rassemblement sur sa page facebook : « A BAS LE RSP !!! GRAND RASSEMBLEMENT DEMAIN MATIN !!!Non au coup d’Etat en cours !!! Pouvoir au peuple et non au RSP !!! Pour la Défense de la patrie, RDV à la place de la révolution ce jeudi 17 septembre 2015 matin à 6h00mn !!! La patrie ou la mort, nous vaincrons !!!! »
Cherif Sy appelait au calme et qualifiait cet acte « d’atteinte grave à la République et à ses institutions ». Le chef du parlement de transition, le CNT, assurait que des négociations étaient en cours. L’Union africaine, la Cédéao et les Nations demandaient la libération immédiate et inconditionnelle des otages.