La faible affluence est le principal enseignement de ce scrutin organisé tant bien que mal sur fond de violences meurtrières.
Le président sortant Pierre Nkurunziza n’a pas lâché du lest. Malgré les appels de la communauté internationale à reporter l’élection présidentielle, le chef de l’Etat burundais a maintenu l’organisation du scrutin alors que les principaux opposants ont refusé d’y participer.
Mardi, 3,8 millions d’électeurs étaient appelés à voter. Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes à 6 heures pour les fermer à 16 heures. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’organisation laisse à désirer. En premier lieu, des retards ont été constatés. En plus, les Burundais pouvaient voter pour huit candidats alors que trois d’entre eux avaient abandonné. Enfin, « des tirs ont retenti dès lundi soir dans plusieurs quartiers périphériques contestataires de Bujumbura (la capitale, ndlr) », rapporte RFI Afrique. Et de préciser : « Des explosions ont été entendues, suivies de rafales de tirs nourris qui se sont déplacés de quartiers en quartiers. »
Ces violences ont causé la mort d’au moins deux personnes. Au total, au moins 80 personnes ont été tuées depuis le début, fin avril, des manifestations.
Entre 20 à 40% de votants selon les quartiers
Ce contexte tendu justifie, peut-être, le faible taux de participation. Force est de constater que l’affluence varie selon les communes. En effet, les quartiers du nord, acquis à la cause de l’actuel président, se sont mobilisés davantage par rapport aux quartiers contestataires du sud. Une chose est sûre : il y a lieu de noter la baisse de mobilisation par rapport aux dernières élections communales et législatives.
« A Kinama, considéré comme un bastion du camp présidentiel, le mot d’ordre de boycott a été également suivi. Le taux de participation est d’environ 40% (…) le constat est clair : le principal opposant est en tête », indique RFI Afrique. Alors que la mobilisation n’a pas excédé les 20% dans les quartiers contestataires.
La Céni, un organe du pouvoir ?
La Commission électorale nationale indépendante (Céni) annonce la publication des résultats provisoires dans deux ou trois jours. Mais, les Burundais n’ont plus confiance en cette institution accusée de servir les intérêts du pouvoir en place.
Et pour cause, la Céni n’a pas rendu public le taux de participation. Selon l’opposition, c’est une stratégie pour mieux manipuler les résultats de l’élection présidentielle.
Pour les Etats-Unis, ce scrutin n’est pas crédible. Et pour preuve, le président sortant Pierre Nkurunziza est assuré d’être réélu alors qu’il a violé la Constitution.