Il existait une société américaine de colonisation. The National Colonization Society of America, et c’est à elle que l’on doit, entre autres choses, la construction de la république du Liberia en 1822.
Avant que les Etats-Unis ne créent un comptoir d’esclaves dans ce qui est aujourd’hui le Liberia, le pays avait été baptisé, « la Côte du poivre » (Costa da pimenta), après la découverte des portugais en 1461. Sur le territoire il y avait une population autochtone dont les américains n’ont pas voulu tenir compte. C’est donc sans les consulter qu’ils créèrent le Liberia en 1822, et leur imposèrent les esclaves nouvellement affranchis. Dès l’arrivée de ces derniers, les prémices d’une guerre civile se mettent progressivement en place. Une tension attisée par les colons eux-mêmes, qui donnent le pouvoir aux nouveaux habitants du pays, au détriment des indigènes.
Quand l’asile des uns devient le calvaire des autres
Le Liberia devient une république indépendante, en droit, le 26 juillet 1847. En fait, sous le joug des Etats-Unis à l’extérieur, et sous la domination de l’oligarchie américano-libérienne à l’intérieur de ses frontières. C’est donc une double-oppression et l’esclavage, que subissent les autochtones du Libéria par leurs nouveaux compatriotes-maîtres, grâce au régime de parti unique du True Whig. Ils sont par ailleurs privés du droit de vote.
En 1936, un nouveau gouvernement est mis en place, avec le président Barclay, et interdit enfin le travail forcé pour les libériens originels. Néanmoins, les tensions vont s’accentuer davantage, notamment par la percée économique du pays à partir des années 1960 avec le président Tubman. Il accorde le droit de vote aux autochtones en 1945 mais, ces deniers restent exclus du développement. Durant 20 ans, le Liberia est prospère, grâce au concours des étrangers (principalement américains) à qui on a laissé le monopole de l’exploitation des gisements de minerai.
Tentative de réappropriation du territoire et guerres civiles
Les libériens auront leur revanche le 12 avril 1980 par Samuel Kanyon Doe. Il fomente un coup d’état et assassine le président William Tolbert pour récupérer le pouvoir. Il est le premier libérien non-américain à accéder à la présidence depuis l’indépendance du pays en 1847 et installe un régime dur. En 1989, le pouvoir de Doe est remis en cause et la révolte de l’opposition s’organise, mais de façon désordonnée, à cause de scissions internes. Commence toutefois une période troubles, qui aboutira d’abord à l’assassinat de Doe, par son successeur Johnson puis à une guerre civile qui durera jusqu’en 1997. Un autre conflit éclate trois ans plus tard, en 1999 pour s’achever en 2003, avec l’élection de Charles Taylor, ancien opposant du président Doe.
En 2005, la première femme présidente élue démocratiquement dans un pays africain, Ellen Jonhson Sirleaf, arrive à la tête du Liberia avec près de 60% des voix. Lui succédera George Weah, né le 1er octobre 1966 à Monrovia, ancien footballeur international et homme d’État libérien, devenu président de la République du Liberia depuis le 22 janvier 2018.
Le Liberia est donc de fait, le premier pays africain à accéder à l’indépendance; mais en réalité, du nom de son territoire à son histoire politique de cohabitation ratée entre afro-américains importés et autochtones, il est une pure construction des Etats-Unis, par leur société de colonisation.