Kenya : Pourquoi Barack Obama a réussi son opération séduction ?

Le 44e président des Etats-Unis avait des choses à se faire pardonner. L’objectif de sa première visite officielle au Kenya était de prouver aux Kényans qu’il est bel et bien un enfant du pays et qu’il n’a pas renié ses origines. 

« L’Afrique est en marche », a lancé le locataire de la Maison Blanche. Au cours de ses 48 heures dans le pays de son père,  Barack Obama a prouvé que le sang kényan coulait dans ses veines. Dès son atterrissage, vendredi soir à Nairobi, il est déjà dans son élément. Alors qu’il est accueilli sur le tarmac par le président Uhuru Kenyatta, il embrasse chaleureusement sa sœur. Puis, il participe à une soirée familiale aux côtés de celle-ci et sa grand-mère. Et son sourire, appuyé, témoigne de son bonheur de se retrouver sur la terre de ses ancêtres.

Effectivement, le style Obama a fait mouche tout au long de sa première visite officielle depuis qu’il est élu 44e président des Etats-Unis en novembre 2008. Samedi, l’homme le plus puissant au monde a participé au Sommet mondial de l’entrepreneuriat et s’est entretenu avec son homologue kényan. Dimanche, il a tenu un discours au stade couvert Safaricom Arena de la capitale du Kenya auprès de 5000 jeunes. Au menu : l’essor économique de l’Afrique, la lutte contre le terrorisme et la corruption, les droits des homosexuels et la jeunesse.

« L’Afrique est en marche »

« Je voulais être ici parce que l’Afrique est en marche, l’Afrique est l’une des régions du monde à la plus forte croissance », a déclaré Barack Obama. Et d’ajouter : « Les gens sortent de la pauvreté, les revenus sont en hausse, la classe moyenne croît et les gens comme vous (les jeunes, ndlr) exploitent les technologies pour changer la façon dont l’Afrique fait les affaires. » Avant de faire la promotion de son programme « Power Africa », d’ores et déjà doté d’un budjet de 7 milliards de dollars, qui a pour mission de doubler l’accès à l’électricité en Afrique. Poursuivant, le premier Noir président des Etats-Unis croit à la capacité du continent de se développer : « Nous nous intéressons à l’Afrique car ce qui arrive en Afrique va avoir un impact sur le monde, les plus fortes croissances sont en Afrique. »

Lutte contre le terrorisme et la corruption

Le Kenya est menacé par les Shebab, islamistes affiliés à Al-Qaïda. Ces derniers ont plusieurs fois perpétré des attentats dans le pays. Pour rappel : le 21 septembre 2013, les terroristes ont pris d’assaut le centre commercial le plus chic de Nairobi et ont tué 67 personnes. En avril 2015, ils ont attaqué l’université de Garissa : une attaque qui a causé la mort de 148 personnes. Barack Obama a alors rappelé que la coopération entre les services américains et kényans porte ses fruits : « Nous avons de façon systématique réduit les territoires que les Shebab contrôlent. Nous avons pu réduire leur emprise réelle en Somalie et avons réduit ses réseaux opérant ici en Afrique de l’Est (…) Cela ne veut pas dire que le problème est résolu. »

Pour le président américain, la corruption à tous les niveaux est un obstacle à une croissance rapide du Kenya. L’occasion pour lui de revenir sur l’élection présidentielle burundaise. « Nous avons discuté du Burundi, où les récentes élections n’ont pas été crédibles », a-t-il affirmé à l’issue de son entretien avec Uhuru Kenyatta. « Nous appelons le gouvernement et l’opposition à se retrouver pour un dialogue qui aboutira à une solution politique à la crise et évitera la perte de davantage de vies innocentes », a-t-il fait savoir.

Standing ovation

Devant 5000 jeunes massés dans le stade couvert Safaricom Arena de Nairobi, l’enfant du pays a trouvé les mots justes. « Vous êtes en tête », a-t-il affirmé en citant John Fitzgerald Kennedy. « Vous n’avez plus besoin d’étudier à l’étranger pour trouver une bonne éducation comme l’a fait mon père. Tout est ici », a-t-il lancé. Avant de promettre : « Je ne vais pas cesser de m’intéresser aux jeunes du Kenya et de l’Afrique, de développer des talents et des dirigeants et des entrepreneurs qui vont aider ce pays et le monde à prospérer. » Ce discours, poignant, a renversé son auditoire qui l’a remercié avec une standing ovation.

Droits des homosexuels

Le seul bémol majeur de ce voyage est la question des droits des homosexuels. Le président Kényan avait planté le décor avant même l’arrivée de son homologue américain en précisant que ce « non-sujet » n’était pas à l’ordre du jour. Pourtant, Barack Obama a persisté et signé. « Quand un gouvernement prend l’habitude de traiter les gens différemment, ces habitudes peuvent s’étendre. En tant qu’Afro-Américain aux Etats-Unis, je suis douloureusement conscient de ce qui se passe quand des gens sont traités différemment devant la loi », a-t-il prévenu. En vain. Uhuru Kenyatta a campé sur ses positions : « Il est très difficile pour nous d’imposer à la population ce qu’elle n’accepte pas pour elle-même (…) Pour les kényans aujourd’hui, la question des droits des gays est vraiment un non-sujet. »

C’est la première fois qu’un président américain en exercice s’est rendu au Kenya. Barack Obama a résolument séduit les Kényans. Une autre preuve : l’Obamania observé par les journalistes occidentaux dans les rues de Nairobi. Certains locaux ont même osé porter le t-shirt à l’effigie du premier Noir président des Etats-Unis.

Au total, l’Afro-Américain en est à son quatrième voyage au Kenya. Force est de constater que cette première visite officielle a fait oublier son attitude jugée hautaine envers le pays de son père. « Ce que je peux garantir, c’est que je reviendrai », a-t-il promis. « Mais la prochaine fois que je reviendrai, je ne porterai peut-être pas de costume », a-t-il ajouté.

Les Africains n’oublieront jamais ce moment magique : l’homme le plus puissant du monde s’adonne à une danse locale :

https://www.youtube.com/watch?v=5RiDClb1FK4

Sébastien Badibanga
Sébastien Badibanga
Journaliste-reporter, cool et branché. La politique est mon dada. J'aime aussi : la culture, les Etats-Unis, le PSG, l'électro et la mode. Je suis un épicurien qui croque la vie à pleine dent. "Je ne suis pas là pour plaire ou déplaire, mais pour porter la plume dans la plaie" (Albert Londres).

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