Des intellectuels Afro-Américains fustigent l’échec de l’Amérique post-raciale de Barack Obama à réhabiliter la dignité des personnes noires. A les entendre, l’égalité devant la loi, acquise dans les années 60, ne suffit plus.
Henry Louis Gates Jr, professeur de littérature à Harvard, et Ta-Nehisi Coates, journaliste au mensuel américain « The Atlantic », dénoncent respectivement le retour en force des questions raciales aux Etats-Unis. Selon ces deux intellectuels Afro-Américains, très en vue, les violences policières attestent de l’échec de l’Amérique de Barack Obama à réhabiliter la dignité des personnes noires. A leurs yeux, l’égalité devant la justice et l’intégration politique des descendants d’esclaves ne suffisent plus.
Les Noirs condamnés à être victimes de la violence blanche ?
Pour Ta-Nehisi Coates, dont le livre « Between the world and me » (Entre le monde et moi) fait un tabac, « une vie aisée ne protège pas la jeunesse noire » des brutalités policières. Il cite en exemple son ami étudiant tué par les forces de l’ordre. Cette réalité « révèle à ses yeux la persistance de certaines forces historiques aux Etats-Unis qui condamnent les Noirs à être victimes de la violence blanche », rapporte le site LeTemps.ch.
En juillet 2009, le célèbre universitaire Henry Louis Gates Jr a personnellement fait l’expérience d’une bavure policière lorsqu’il a été interpellé à son domicile par la police alertée par le voisinage qui a cru à un cambriolage. Or, l’auteur du livre « Finding your roots » (Trouver vos racines) avait seulement oublié ses clés à l’intérieur de sa maison.
Est-ce que l’Amérique d’Obama est plus raciste que celle de la ségrégation ?
Les deux intellectuels Afro-Américains, entre autres, exhortent la majorité blanche à reconnaître les violences subies par la minorité noire américaine.
A qui la faute ? Si l’on se fie à leur analyse, le multiculturalisme n’est pas parvenu à réconcilier les communautés et le nouvel ordre politique, ponctué par l’élection en grande pompe du premier Noir président des Etats-Unis, n’a pas réussi à impulser un vivre ensemble interracial.
Certes, les bavures policières et actes racistes se sont multipliés ces derniers mois (Charleston, Baltimore, New-York, Ferguson), mais rien n’indique que la situation s’est dégradée depuis l’élection de Barack Obama à la tête du pays de l’Oncle Sam en novembre 2008. De plus, les meurtres entre Afro-Américains sont moins médiatisés mais plus néfastes pour la communauté. Enfin, l’émergence des élites noires a davantage œuvré pour l’émancipation des Noirs américains que n’importe quelle lutte de suprématie. Q’un homme noir devienne président du pays le plus puissant au monde, cela reste une victoire personnelle. Mais comme dirait Neil Armstrong, « Un petit pas pour l’Homme, un pas de géant pour l’humanité ».