Madagascar : Quand l’Etat suspend les médias de deux anciens présidents

Même si le ministère de la Communication nie toute responsabilité, Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina ne comptent pas se laisser faire.

Le climat politique n’est jamais calme sur la Grande île. Il y a quelques jours, la chaîne de l’ancien président de transition Andry Rajoelina, Viva, a été suspendue. Auparavant, c’est la radio et télévision Malagasy Broadcasting System (MBS), propriété de Marc Ravalomanana, qui a fait les frais d’une interdiction d’émettre un mois seulement après sa reprise d’antenne. En effet, la MBS n’émettait plus depuis 2009, date du renversement de l’ancien chef d’Etat malgache par Andry Rajoelina.

« On ne peut pas donner une licence à une société qui n’existe pas »

« Depuis le 3 juin dernier, nous avons constaté que nos fréquences ont été brouillées par des émetteurs qui ont été placés en hauteur de la capitale (Antananarivo, ndlr). C’est valable pour la radio et pour la télévision. Il est peut-être compliqué de désigner directement des responsables, mais d’après nos renseignements quand même, le ministère (de la Communication, ndlr) n’est pas neutre dans ce dossier », s’indigne Joël Ralaivaohita, le directeur de publication.

De son côté, l’Etat nie toute responsabilité. « La société n’existe pas (depuis 2009, ndlr). Donc là, on ne peut quand même pas donner une licence à une société qui n’existe pas. C’est clair dans le texte et on était étonnés de les voir émettre. C’est un peu du forcing », réplique le directeur du ministère de la Communication.

Une décision politicienne ?

Depuis 2009, Madagascar traverse une crise politique chronique. Et l’élection du nouveau président Hery Rajaonarimampianina, en 2014, n’a pas ramené le calme dans le pays. Pour preuve : les députés ont voté par une très grande majorité la destitution du chef de l’Etat, mardi 26 mai.

Ce scénario catastrophique pourrait inspirer les plus grands cinéastes au monde. En Afrique, lorsqu’on contrôle les médias, on a forcément la mainmise sur le pouvoir. Alors question : est-ce que l’Etat a suspendu les antennes de ses anciens dirigeants par peur d’un Coup d’Etat ?

Sébastien Badibanga
Sébastien Badibanga
Journaliste-reporter, cool et branché. La politique est mon dada. J'aime aussi : la culture, les Etats-Unis, le PSG, l'électro et la mode. Je suis un épicurien qui croque la vie à pleine dent. "Je ne suis pas là pour plaire ou déplaire, mais pour porter la plume dans la plaie" (Albert Londres).

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