Auteure du livre « L’histoire de l’Afrique et de sa diaspora », Jahlyssa Sekhmet est une enseignante passionnée d’Histoire. Elle explique à Nofi pourquoi « notre histoire est d’une richesse incommensurable, puissante et tragique à la fois ».
(Interview Nofi)
Nofi : Pour commencer, présentez-nous votre univers…
Jahlyssa Sekhmet : Je suis enseignante passionnée d’Histoire. J’ai travaillé pendant de nombreuses années dans l’Association Conscience et Culture. Elle a pour but de transmettre l’Histoire de l’Afrique et des Caraïbes par le bais de l’art : théâtre, danse, chant et peinture. Nous avons créé des pièces de théâtre, avec une trentaine d’enfants âgés de 10 à 12 ans. Une de ces pièces se nommait « Aset et Ousire au pays de Kemet ». Nous avions aussi créé à l’époque deux revues et un calendrier portant sur l’Egypte. J’ai voyagé à travers les Antilles, l’Afrique et l’Asie, ce qui m’a permis de découvrir et d’observer les traces de notre histoire, les cultures et civilisations du monde (tout simplement la vie).
De quoi porte votre livre ?
Le sens du titre est très simple et explicite, c’est un livre qui retrace l’Histoire de l’Afrique et de sa diaspora. Cet ouvrage est le premier livre pédagogique retraçant l’Histoire de l’Afrique et de sa diaspora. J’ai commencé de la préhistoire jusqu’à aujourd’hui. Il comprend de nombreuses cartes, frises, illustrations et images. Ainsi qu’un code couleur permettant de se repérer et d’avoir une lecture plus aisée.
Quels sont les points essentiels abordés dans votre ouvrage ?
Le point fondamental du livre est la continuité historique, elle nous permet d’avoir une trame de l’Histoire générale de l’Afrique.
Les titres des chapitres sont les points essentiels :
- Chapitre 1 La naissance de l’Homme
- Chapitre 2 La naissance de la civilisation aux sources du Nil
- Chapitre 3 La Nubie : naissance du premier royaume de l’histoire universelle
- Chapitre 4 L’Egypte pharaonique : apparition du premier empire de l’histoire
- Chapitre 5 Les grands empires africains
- Chapitre 6 Le traites négrières arabes et européennes en Afrique
- Chapitre 7 La diaspora africaine dans le monde : l’exemple des Afro-américains
- Chapitre 8 La naissance et l’évolution des Etats de l’Afrique contemporaine
Finalement, peu d’Africains connaissent vraiment leur propre Histoire. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?
La majorité des Africains et Caribéens ne connaissent pas leur Histoire car à un moment de l’Histoire, des évènements tragiques se sont produits : les traites négrières arabes et européennes et la colonisation. Ces points ont donc déstructuré les sociétés.
Pensez-vous que l’Histoire de l’Afrique est suffisamment enseignée et connue en France ?
Non, mais c’est tout à fait logique. Pourquoi attendons-nous que la France (ex-puissance coloniale) nous raconte notre propre histoire ?
Quel regard portez-vous sur cette histoire plutôt méconnue ?
Notre histoire est d’une richesse incommensurable, puissante et tragique à la fois. Des évènements qui nous ont formatés jusqu’à aujourd’hui.
En tant qu’intellectuelle, que pensez-vous des conséquences de l’Esclavage sur l’Afrique ?
Je ne me perçois pas du tout comme une intellectuelle, mais comme une observatrice de mon temps. Les conséquences conscientes et inconscientes de l’esclavage sont présentes aujourd’hui en Afrique, dans les Caraïbes, aux Amériques et en Europe. Elles sont résumées à la page 153 du livre.
Alors que le monde entier se développe, pourquoi l’Afrique avance au ralenti ?
Elle avance au ralenti car elle porte les conséquences de son histoire. C’est ce que j’ai essayé d’expliquer clairement tout au long du livre.
Que dire des chefs d’Etats africains ?
Les chefs d’Etats africains répondent à un système et des mécanismes mis en place depuis la Traite. Seule une nouvelle génération de dirigeants panafricains pourra renverser cette tendance.
Pourquoi avez-vous choisi de mettre l’accent sur la diaspora africaine ?
La diaspora africaine dont je suis issue, est une partie intégrante de cette histoire. Donc il faut simplement en parler pour pouvoir créer ou entretenir des liens entre les racines et les feuilles de l’arbre.
A vos yeux, pourquoi la diaspora africaine, vivante en France, a tant de difficultés à s’intégrer ?
Disons que la France commence à s’apercevoir que sur son sol, il y a des Français d’ascendance africaine et se demande si on peut les laisser accéder à des postes occupés jusqu’à là, à grande majorité, par des Français dit de souche.
Une précision à ajouter ?
J’anime aussi les ateliers AFRODYA qui sont des ateliers d’Histoire pour enfants et adolescents.