Le gouvernement dominicain a fixé au 18 juin 2015 le terme de son projet de destitution de nationalité de Dominicains nés en République Dominicaine mais descendant d’immigrés haïtiens n’ayant jamais régularisé leur situation. Cette date passée, ils seront soumis à une expulsion.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr
Bien qu’elle accorde la nationalité à ses citoyens via le principe du droit du sol, le gouvernement dominicain a ouvert depuis un an le Plan National de Régularisation des Étrangers (PNRE). Ce dernier à consisté, dans un premier temps, à faire exception à ce principe pour les Dominicains aux parents sans documents attestant de leur identité dominicaine. Ce déni de nationalité touche notamment les Dominicains descendants d’Haïtiens immigrés après 1929, mais dont les parents et autres ascendants ne se sont pas préoccupés de régulariser leur situation. Le nombre de ces Dominicains noirs populairement appelés ‘Haïtiens’, qui n’ont souvent plus aucune famille en Haïti, n’en parlent pas le créole et ne peuvent en avoir la nationalité est incertain et varie, selon les estimations, de 100000 à 500000 environ. Ce plan se déroule dans un climat souvent qualifié de raciste envers la population noire (principalement d’origine haïtienne) associée au crime et à l’immigration dans l’inconscient social de la population métisse et blanche, elle considérée comme véritable représentative de l’identité dominicaine. Des raids policiers dans des quartiers populaires suivis de détentions ont récemment souvent été organisés au faciès contre des Noirs.
Pour candidater à une régularisation, les habitants de la République Dominicaine ‘incriminés’ doivent fournir un certain nombre de documents administratifs, mais un certain d’entre eux dénoncent les difficultés rencontrées auprès des institutions haïtiennes comme dominicaines pour les obtenir. Vendredi dernier, des centaines de manifestants noirs d’ascendance haïtienne ont notamment manifesté devant l’ambassade d’Haiti à Santiago en République Dominicaine, pour se plaindre de leur difficulté à obtenir les documents administratifs nécessaires à être régularisés avant la date limite du 18 juin 2015. Ils se retrouveront le cas échéant apatrides et susceptibles d’être déportés.
De nombreuses institutions et personnalités comme le Pape et l’ONU ont dénoncé la politique dominicaine envers ses ressortissants d’ascendance haïtienne, d’autres appelant au boycott du tourisme dans le pays.