Kemi Seba : son procès le plus grotesque

Le mardi 16 juin avait lieu le procès de Kemi Seba, penseur panafricaniste, conférencier et chroniqueur TV au Sénégal où il est installé depuis des années. Une des témoins du procès nous raconte les faits et le déroulement d’un jugement des plus étonnant.

Ce qui est précisément reproché à l’ancien leader de la Tribu Ka ? L’incitation à la haine raciale pour avoir qualifié Ahmed Meguini, vidéaste, de… « collabeur ».

Hallucinant. On ne peut plus rien dire en France, toujours ce deux-poids deux mesures, qui ne se cache même plus. On est Charlie ou on la ferme. Définitivement.

L’un a traversé l’Atlantique pour venir s’expliquer sans défenseur, l’autre ne prend pas la peine de se déplacer ni même de se faire représenter par un avocat. On comprendra vite pourquoi…

 

Ahmed Meguini ? Un vidéaste, « Beur », c’est lui-même qui le dit, proche de BHL et de Caroline Fourest. Il déteste Kemi Seba et s’y est déjà frotté en 2008, l’accusant de coups et blessures volontaires. Déjà, à l’époque, Meguini ne s’était pas présenté au tribunal. KS avait écopé de 2 mois de prison avec sursis, qui lui sont inopinément tombés dessus six ans après, en septembre dernier, quand il est venu en France présenter son dernier livre « Black Nihilism ». Mais ceci est une autre histoire…

C’est donc en prison, à Fleury-Mérogis, que Kemi Seba écrit un texte intitulé « Nul ne nous arrêtera », dans lequel il qualifie Meguini de « collabeur ». Et c’est en prison qu’il reçoit, quelques jours plus tard, la visite de deux policiers – hilares – lui annonçant que Meguini avait porté plainte pour incitation à la haine raciale !

 

Mais d’abord, « collabeur », qu’est-ce que ça veut dire ? Pédagogue, KS explique : «  Ce n’est pas une injure, c’est un qualificatif politique, qui désigne celui qui se détourne des siens et choisit de servir les intérêts de ceux qui méprisent sa communauté. Comme on peut traiter un Noir de Bounty. Bref un traître. » « Ce terme est utilisé en premier lieu par les Arabes eux-mêmes. Meguini lui-même se dit « Beur », martèle patiemment Kemi Seba, face à une présidente du tribunal clairement hostile, qui lui reproche carrément de critiquer « ceux qui veulent s’intégrer »…

Kemi Seba explique alors la différence entre la simple démarche d’intégration, qui consiste à s’adapter en respectant les lois de son pays d’accueil, et l’intégrationnisme, qui va bien au-delà avec souvent le reniement total de ses origines.

 

Kemi Seba est calme, posé, n’en fait pas des tonnes. Il ne profite pas du tribunal pour haranguer les foules et partir dans un discours politique. Il revendique son droit à la critique politique, réfutant complètement l’injure raciste. Il s’explique, patiemment, comme on fait avec des élèves un peu durs à la détente.

Et ça déstabilise la Cour ! La procureure, qui avoue au passage n’avoir pas cherché à en savoir plus sur le terme « collabeur », retient quand même la qualification d’incitation à la haine raciale. On comprend bien que Meguini n’a pas besoin d’assister au procès et encore moins d’avocat.

La tentative de faire glisser le débat sur les juifs et l’antisémitisme échoue lamentablement. Excédée, et sans argument, la présidente du tribunal va jusqu’à insulter les partisans de Kemi Seba venus en nombre en les traitant de « fan club » !!! Personnellement, je trouve ça injurieux.

Fin de ce procès totalement grotesque. Verdict le 15 septembre.

 

 

Un détail : le négationniste Robert Faurisson avait une convocation au tribunal le même jour.

Décider de juger l’ancien leader de la Tribu Ka le même jour que Faurisson relève de la tentative d’amalgame dans l’imaginaire collectif. Une audience qui ne peut être due à un hasard de calendrier, quand on sait l’énergie déployée pour faire passer Kemi Seba pour un antisémite, quitte à mettre dans le même sac deux hommes qui n’ont pourtant rien à voir.

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