Le ministère de la culture égyptienne avait annoncé en 1983 le boycott du film Sadat et de la Columbia Pictures pour avoir fait jouer le rôle d’Anwar Sadat par Louis Gossett Jr.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr
En 2014, l’Egypte faisait la une des médias pour avoir interdit la diffusion en son territoire du film Exodus, de Ridley Scott. Si cette décision du pays d’Afrique du Nord-Est était motivée par le ‘sionisme’ du film (selon l’expression du ministre de la culture local, Gaber Asfour), de nombreux Noirs se réjouissaient de l’interdiction du film en raison des représentations jugées ethniquement inexactes, voire racistes des personnages.
31 ans auparavant, l’Egypte adoptait une posture similaire lors de la sortie de Sadat, une mini-série retraçant la vie de l’ancien président égyptien (1918-1981), successeur de Nasser, prédécesseur de Mubarak et récompensé du Prix Nobel de la Paix en 1978.
Le film fut, avec tous les autres films distribués par la Columbia Pictures, banni et l’ensemble de la production du film fut attaquée en justice par le syndicat des artistes et du cinéma égyptiens. Cet engouement fut, comme 30 ans plus tard, justifié par ‘la distorsion de faits historiques’ et une ‘insulte (faite au) peuple égyptien’. Un autre élément de mécontentement fut le choix de Louis Gossett, Jr, un acteur afro-américain pour incarner Sadat. Bien qu’étant né de mère soudanaise, Sadat avait à plusieurs reprises laissé transparaître ses difficultés à assumer sa couleur de peau, souvent utilisée dans son pays pour le déstabiliser durant son mandat. Ses supporteurs laissèrent entendre qu’il n’aurait pas été satisfait de ce choix ; des spécialistes ont posé l’hypothèse que les Egyptiens se seraient sentis humiliés par le choix d’un acteur issu d’une population discriminée par les Américains qui étaient à l’époque leurs alliés.