Jeudi, des travailleurs camerounais ont décidé de conduire une grève dans les plantations de la Socapalm, à Dibombi (Sud). La société camerounaise des palmeraies (Socapalm) est une filiale du groupe Socfin, dont 39% du capital est détenu par le groupe français Bolloré.
Jeudi, des paysans ont occupé l’une des plantations à Dibombari, dans le sud du Cameroun, afin de crier leur colère. En cause, l’expansion territoriale de la filiale Socapalm qui s’accroît d’une année à l’autre. Autant de terres cédées pour l’exploitation d’huile de palme et d’Hévéa, au profit du capital et pas de la population. La Socapalm, filiale du géant luxembourgeois Socfin, est l’une des tentacules du groupe Bolloré, qui détient 39 % de son capital.
En plus de la spoliation de terres, qui dépossèdent les locaux d’une grande partie de leur environnement naturel. Les camerounais se plaignent des répercussions de cette expansion pour les riverains, ainsi que des conditions de travail très pénibles et des salaires ridicules (environ 50 euros par mois soit autour de 35 000 FCFA). En 2008, dans la palmeraie de Kienke, des ouvriers s’étaient plaints de ne pas disposer du matériel adéquat pour soulager la difficulté de leur travail et se protéger de l’usure. Des grèves s’étaient également tenues durant plusieurs jours. Sans compter que le groupe Bolloré contrôle d’autres secteurs stratégiques au Cameroun dont le port de Douala et les chemins de fer, pour ne citer que ceux-là.
En 2013, les riverains en colères ont créé l’Alliance internationale des riverains des plantations Socfin Bolloré, action de solidarité entre tous les pays désavantagés par ce capitalisme sauvage. Près de 30 000 hectares de terres camerounaises sont aujourd’hui possédées par Bolloré, pour un monopole du marché de l’huile de palme brute de plus de 40 %. Le groupe français est présent dans une quarantaine de pays africains ainsi qu’au Cambodge.
L’appel à la mobilisation est généralisé dans toutes ces zones, avec la volonté que tous gênent la production jusqu’à la tenue des assemblées de Socfin le 27 mai et du groupe Bolloré le 4 juin prochain. Une mobilisation qui avait déjà porté ses fruits en juin 2013 et après laquelle Vincent Bolloré, patron du groupe, avait joué la surprise en déclarant: « Qu’est-ce que j’ai fait de mal », à la délégation de camerounais, d’ivoiriens et de congolais venue manifester devant le siège.