De nos jours, (en fonction de la ville où l’on vit bien évidemment) il est moins fréquent que nos enfants soient les seuls « enfants d’immigrés » en classe. Il y a plus de mixité dans le milieu scolaire, mais nos enfants font tout de même, encore partie de la minorité quotidiennement.
Se sachant donc différents que la plupart de leurs camarades, quelles images nos enfants ont d’eux-mêmes face à cela ?
Voyant beaucoup d’enfants autour de moi, j’entends parfois certains d’entre eux rentrer de l’école et me raconter leurs amourettes avec leurs petites copines aux cheveux bien longs, bouclés et la peau caramel, parce qu’elles sont plus belles que les filles « marrons ». Je vois des petites filles se plaindre que leurs cheveux sont moches et qu’elles aimeraient qu’on leur les lisse pour qu’ils soient comme ceux «d’Elsa de la Reine des neiges ». Ou encore, je remarque d’autres me dire qu’ils sont trop moches parce que trop noirs.
En arrivant à l’école, les enfants se rendent bien compte qu’ils sont différents de la majorité.
Dans les années 1940, le couple de psychologues afro-américains, Dr Kenneth Bancroft Clark et Mamie Phipps Clark, ont mené une expérience auprès d’enfants afro-américains.
Les psychologues présentaient aux enfants deux poupées, une noire et une blanche, en leur demandant de choisir entre les deux. La majorité des enfants ont bien évidemment choisi la blanche.
En 2005, le réalisateur Kiri Davis revisita l’expérience, dans le documentaire « A Girl like Me ». Il présenta également une poupée blanche et une poupée noire, mais cette fois ci, il demanda aux enfants de leur montrer laquelle était la « jolie » poupée, la « moche », la « gentille » et la « méchante ». 15 enfants afro-américains sur 21 ont préféré la poupée blanche à la noire, avant de réaliser seulement à la fin de l’expérience que la poupée à laquelle ils ressemblaient le plus, était celle qu’ils avaient désigné « moche » et « mauvaise ».
Le phénomène nappy a aidé des milliers de femmes à se découvrir. Un phénomène qui n’a commencé à s’étendre qu’il y a 6 ans. Doit-on attendre que nos enfants atteignent l’âge adulte pour se rendre compte qu’ils sont beaux comme ils sont et fassent leur big chop ?!
Qui se souvient de la pétition lancée en juin 2014 par une internaute américaine pour forcer Beyoncé à coiffer (défriser ?) les cheveux de Blu Ivy ? Une pétition qui a récolté plus de 5000 signatures en moins d’un mois, parce que laisser son enfant avec ses cheveux crépus en l’air, c’est un signe de négligence bien évidemment.
Quel message envoyons-nous à nos enfants en réagissant de cette manière ?
Pour que nos enfants ne se sentent plus comme les vilains petits canards de leur école, leur montrer l’exemple est primordial.
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S’aimer soi-même
Si votre enfant vous voit vous éclaircir la peau car vous êtes « trop » noir ou si vous êtes incapable de sortir de la maison sans votre tissage brésilien (non ce n’est pas un article anti-tissage). Comment va t-il comprendre que non il est n’est pas une erreur de la nature face à ses camarades ?
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Donner aux enfants des mots positifs
« Non, tes cheveux ne sont pas trop durs et secs et moches. »
« Oui, tu as une jolie touffe et tu es belles avec »
« Tu as une belle couleur de peau et elle te va bien »
Ce sont des petites phrases au quotidien qui remonteront leur estime d’eux-mêmes.
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Montrer des images qui leur ressemblent
Ce que révèlent aussi les différentes expériences citées au-dessus, c’est que nos enfants ont constamment sous leurs yeux des images qui ne leur ressemblent pas. Disney leur explique que pour être belle il faut avoir des longs cheveux blonds et brillants et un teint de porcelaine. Que les enfants noirs en Afrique courent tout nu dans la forêt près des rivières et que leurs cheveux sont coiffés bizarrement en épi (merci Kirikou !). Malgré quelques rares exceptions, les dessins animés et les jouets avec des noirs sont rares dans nos maisons.
Montrez-leur qu’il y a aussi des héros et princesses qui leur ressemblent.
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Expliquer que la différence est partout
Éduquer nos enfants en leur expliquant que nous vivons dans un monde où tout le monde est différent est important. Chacun a sa couleur et il n’y a rien d’anormal à cela. Il n’y a pas de gagnant ni de perdant.
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Choisir leur modèle
Même si en grandissant, ils vont développer leur propre goût, si déjà à 5 ans, votre fille connaît les chorégraphies de Nicky Minaj par coeur ou si votre fils aime les clips de rappeurs au bras de belle blonde à moitié nue, posez-vous des questions ! On ne vous conseille pas de les mettre devant les discours de Malcom X tous les soirs, mais soyons vigilents sur ce qu’ils regardent et aiment à leurs jeunes âges.